Les zones de pouvoir chez les enfants
Pour les enfants, le fait de prendre du pouvoir et développer leur capacité à prendre des décisions, c’est naturel. Je dirais même que c’est nécessaire. Les enfants passent par plusieurs phases de développement reliées à l’opposition. La phase du 2 ans et la phase du 4 ans sont 2 périodes critiques où l’opposition prend différentes formes. Les enfants tentent alors par tous les moyens de prendre le pouvoir. Si nous ne leur laissons pas leur place, leurs comportements deviendront très opposants. C’est une manière détournée pour eux de répondre à leur besoin de contrôle.
Dans l’univers des enfants, il existe 3 aspects critiques où ils ont le plein pouvoir. Ça, ils le comprennent assez rapidement. Les enfants qui ressentent le besoin de prendre leur place et de prendre des décisions choisiront de façon inconsciente d’adopter des comportements dans l’un ou l’autre de ces aspects.
Les repas
Pendant les repas, les enfants ont le contrôle total sur la quantité de nourriture qu’ils mangent, voire s’ils mangent ou pas… En tant qu’adultes, on peut choisir le menu et l’heure du repas, mais on ne peut en aucun cas contrôler la quantité de nourriture que les enfants mangent.
L’endormissement
Encore une fois, ici, on peut avoir un certain contrôle pour la routine, l’heure à laquelle les enfants se couchent et même nos interventions face à leurs demandes et comportements, mais on ne peut endormir les enfants. On peut les accompagner dans l’endormissement, mais on ne peut contrôler l’heure à laquelle ils dormiront ainsi que leur temps d’endormissement.
La mise à la propreté
Encore une fois, en tant qu’adultes, nous n’avons aucun contrôle. Les enfants ont le plein pouvoir. On peut tenter de faire des pieds et des mains pour qu’ils s’assoient sur la toilette, mais ils sont les seuls à avoir un contrôle absolu sur leurs sphincters. Ils choisiront le moment où ils seront propres et la façon qui leur permettra d'y arriver.
Ces zones de pouvoir peuvent être assez intenses en matière de comportements. Quand j’interviens avec les parents, très souvent, je regarde comment cela se passe pour ces 3 aspects. Fréquemment, j’ai alors quelques indices en ce qui concerne les interventions à poser. J’observe souvent les comportements opposants lors de ces éléments critiques, comme la pointe de l’iceberg indiquant des sources et des causes sur lesquelles on doit travailler. Comment? En redonnant du contrôle aux enfants, en les laissant faire des choix, en leur permettant d’être plus autonomes et d’avoir plus de responsabilités. Les enfants répondent ainsi à leur besoin de contrôle, de prendre leur place de manière positive. Les comportements négatifs disparaissent ensuite presque par magie.
Maude Dubé, éducatrice spécialisée