L’enfant qui ne joue pas
Le titre de cet article peut sembler bizarre, mais croyez-moi, un enfant qui ne joue pas, ça se peut.
Vous est-il déjà arrivé de rencontrer un enfant qui ne joue pas, un enfant qui ne semble pas s’intéresser à aucun jeu? Cela peut être un peu bizarre et déstabilisant, j’en conviens parfaitement. J’ai rencontré, à quelques reprises, des enfants qui ne jouaient pas ou presque. Aucun jeu ne les intéressait; ils n’étaient aucunement portés à aller choisir un jeu lors des moments libres. Ces enfants sont rares, car la très grande majorité des enfants jouent naturellement; ils explorent, ils manipulent et rapidement, on peut voir leurs intérêts se dessiner. Est-ce donc normal un enfant qui ne joue pas? Comment l’amener à jouer? Surtout, pourquoi ne joue-t-il pas?
On sait que pour les enfants, le jeu est essentiel. Pour optimiser leur développement, ils utilisent le médium du jeu. Le travail de l’enfant, c’est jouer. Découvertes, univers social, nouveaux apprentissages… tout passe par le jeu. Par contre, momentanément, il est possible qu’un enfant ait moins envie de jouer. Est-il malade? Y a-t-il quelque chose qui le tracasse? Vit-il un problème familial qui pourrait générer un stress chez lui? Est-il en adaptation à la garderie ou y a-t-il des changements au sein de son groupe? Plusieurs facteurs peuvent influencer l’envie de jouer d’un enfant. Tout comme nous, en tant qu’adultes, nous avons parfois un peu moins envie d’aller travailler, l’enfant peut lui aussi avoir moins envie de jouer. Habituellement, la situation rentrera dans l’ordre. Laissez-lui du temps et respectez son rythme.
Si, par contre, l’enfant semble n’être aucunement intéressé par tout ce qui est « jeu », voici quelques pistes.
Laissez du temps libre à l’enfant pour qu’il puisse s’organiser. Parfois, dans la routine très structurée du service de garde et de la maison, l’enfant est habitué de se faire « organiser ». Ceci n’est pas péjoratif du tout, mais l’enfant qui est constamment habitué à être animé par un adulte ne développera pas la capacité de s’organiser seul. Pour un enfant, s’ennuyer peut être un beau moyen d’apprendre.
Faites place au jeu libre dans votre programmation. Le jeu libre est très intéressant pour l’enfant et pour l’adulte. Cela vous permettra d’observer les intérêts de l’enfant et surtout, de passer quelques minutes en tête à tête avec lui pour apprendre à le connaitre.
Est-ce que les jouets sont à sa portée? De petites étagères, des bacs transparents et des bacs avec une étiquette représentant leur contenu sont de bons moyens pour augmenter l’autonomie chez l’enfant et l’amener à organiser son jeu.
Éliminez les distractions. La télévision ouverte est peut-être à proscrire pendant les périodes de jeu libre. Pourquoi? L’attention peut rapidement divaguer vers la télévision et pousser l’enfant à mettre le jeu choisi de côté. Éteignez donc la télévision et évitez les distractions pour que l’enfant puisse concentrer son attention sur son jeu.
Construisez un tableau de choix de jeux. Illustrez chacun des jouets/jeux disponibles pour la période de jeu libre. Apposez les images sur un carton et invitez l’enfant à choisir ce qui l’intéresse. Parfois, le simple fait d’avoir un éventail de choix illustrés devant lui pourra l’inciter à choisir.
Explorez le sujet avec le parent. L’enfant agit-il comme ça à la maison ou seulement au service de garde? Quels sont ses intérêts à la maison? Vous découvrirez ainsi sans doute certains éléments de réponse et vous pourrez alors travailler ensemble.
Voilà, c’est ce qui fait le tour des suggestions pour accompagner un petit qui ne joue pas. J’espère que ces pistes de réflexion et d’action vous seront utiles.
Maude Dubé, éducatrice spécialisée