Ce qui se cache derrière le « non » des enfants
Un enfant qui dit « non », ça vous dit quelque chose? Il y a de très fortes chances que oui, mais avez-vous déjà pensé à pourquoi les enfants disent « non »? Bien souvent, la réponse négative d’un enfant vient nous « confronter ». Ici, le terme « confronter » n’est pas trop fort, car le « non » représente un refus de l’autorité.
Analysons le « non » des enfants sous un autre angle. Pourrait-il refléter plus qu’un simple refus de collaborer? Je suis tombée sur un livre super intéressant qui amenait un intervenant à regarder le refus autrement qu’une simple opposition envers l’adulte. Dans ce livre, on expliquait que lorsqu’un enfant dit « non », un besoin beaucoup plus profond est alors non répondu.
D’entrée de jeu, les bébés et les enfants d’âge préscolaire sont très centrés sur eux-mêmes. Ils désirent faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent. Les besoins des autres ne les préoccupent pas trop. Du point de vue développemental, il est normal que les enfants agissent ainsi. Bien souvent, les parents ou les intervenants sont confrontés à un refus de collaborer lors du rangement, au moment de l’habillement ou à la fin d’une activité annoncée. Il faut comprendre cela et le prendre en considération. Nous pouvons nous poser quelques questions avant de réagir négativement face au refus d’un enfant.
Est-ce que l’enfant est physiquement capable de faire ce que je lui demande?
Voilà une question très importante. Au point de vue développemental, l’enfant développera diverses capacités au fur et à mesure qu’il grandira. Quand vous faites une demande à un enfant, assurez-vous qu’il soit en mesure de l’exécuter. Selon votre réponse, vous interviendrez différemment. L’enfant qui sait qu’il n’est pas capable de faire ce que vous lui demandez voudra éviter l’échec en refusant catégoriquement de s’exécuter. Ajustez donc vos attentes pour que l’enfant soit en mesure de réussir.
Ai-je montré à l’enfant ce que je lui demande?
Pour faire suite à la première question, l’enfant sait-il comment s’y prendre? Connait-il, par exemple, les étapes pour s’habiller pour aller jouer à l’extérieur? Avant de lui demander de le faire seul, prenez le temps pour bien lui démontrer les étapes à accomplir. Rappelez-vous qu’il est normal de devoir répéter plusieurs fois une tâche avant qu’un enfant la maitrise.
Je me sentirais comment si j’étais à la place de l’enfant?
Toute personne qui désire trouver des moyens pour motiver un enfant doit d’abord considérer son point de vue. Comment me sentirais-je si on me demandait de cesser immédiatement une activité que j’aime pour aller manger? Parfois, quand on se met à la place de l’enfant, on voit alors sa réalité sous un angle différent. Les interventions seront nécessairement différentes. Se mettre à la place de l’autre est, dans plusieurs situations, une belle façon de se réajuster la prochaine fois.
Mes directives sont-elles trop nombreuses?
Est-ce que je demande à l’enfant 3-4 consignes différentes en même temps? Est-il possible qu’ils ait oublié la première consigne? Si l’enfant n’a pas bien saisi votre demande, il refusera systématiquement, car il aura peur d’échouer ou encore peur de se tromper.
Si vous reprenez maintenant une situation que vous avez vécue et réfléchissez à ces différentes questions, voyez-vous la situation sous le même angle? Peut-être pas. Il est parfois important de réfléchir sur nos pratiques quand on fait face à des comportements négatifs des enfants. Très souvent, les interventions et réactions de l’adulte alimentent leurs comportements. La prochaine fois, posez-vous quelques questions avant de réagir. Cela vous permettra peut-être d’ajuster votre intervention et donc d’éviter une confrontation avec l’enfant.
Bonne réfléxion!
Maude Dubé, éducatrice spécialisée