De démocratique à autoritaire : que faire quand on ne reconnait plus son style?
Comment vous sentez-vous lorsque vous faites face à un défi avec un enfant, lorsque, quotidiennement, vous avez l’impression d’être constamment en intervention, mais que vous observez très peu de changements? Que ressentez-vous?
J’ai envie de vous raconter une petite histoire… la mienne et celle de mon garçon.
J’ai un grand garçon de 14 ans ayant un diagnostic de TDAH (peut-être le saviez-vous déjà, puisque j’en parle souvent). Aujourd’hui, tout se passe quand même assez bien, mais cela n’a pas toujours été le cas. À une certaine époque, les comportements à la maison étaient très difficiles. J’intervenais beaucoup et je me sentais parfois complètement perdue face à ce que j’observais. Tranquillement, notre relation devenait conflictuelle. Mon approche plutôt positive, démocratique et bienveillante cédait la place à une approche beaucoup plus autoritaire. J’étais dans une impasse, je ne tolérais plus rien et j’intervenais rapidement, et ce, sur presque tout. Par ailleurs, mes interventions étaient très négatives. Tranquillement, sans m’en rendre compte, j’étais passée de la « maman démocratique », à la « maman autoritaire ». Je n’aimais pas ça du tout. Lorsque je me suis mise à l’évidence que ce cercle négatif qui s’était installé entre mon fils et moi aggravait la situation, je me suis arrêtée pour envisager d’autres avenues.
Est-ce que cette situation vous parle? Est-ce que vous vous reconnaissez? Trop souvent, quand on rencontre des défis avec un enfant ou encore quand certains comportements deviennent plus difficiles et plus fréquents, on devient beaucoup moins tolérante. Les interventions augmentent et on devient de plus en plus autoritaire. On embarque alors dans une spirale sans fin d’interventions, souvent au détriment de notre relation avec l’enfant. S’ensuit une succession de situations négatives et on en vient à croire que tout est négatif. On ne laisse alors plus rien passer; tout comportement rencontré se solde par une intervention de notre part. On pense parfois à tort que le fait d’intervenir régulièrement fera diminuer les comportements. Pourtant, l’inverse se manifeste. Que faire alors?
Il faut d’abord, selon moi, relâcher un peu et classer les comportements en ordre d’importance. Certains comportements devront être mis de côté et ignorés pour réussir à se concentrer sur les plus négatifs et dangereux.
Ensuite, il est important de miser sur la base de la relation, de rétablir une connexion positive et de passer du temps de qualité avec l’enfant. Le but ultime est de préserver la relation avec l’enfant, car autrement, il sera très difficile d’améliorer la situation.
Il faut aussi diminuer le plus possible les punitions et intégrer beaucoup plus d’interventions positives et bienveillantes. Les comportements demandent une intervention et un certain encadrement de votre part, mais les punitions et les retraits demeurent, dans la très grande majorité des cas, non nécessaires. Il suffit d’opter pour d’autres interventions qui feront cesser les comportements tout en préservant l’estime de l’enfant.
Pour terminer, il est primordial de prendre un pas de recul pour bien évaluer la situation, les progrès et les changements. Pour cela, il est possible d’utiliser des grilles d’observation, de noter les comportements observés ainsi que les interventions réalisées et les résultats. À l’aide de grilles de fréquence, on peut aussi calculer le nombre de comportements observés chaque jour. Le fait d’étudier les résultats, aussi minimes soient-ils, permet de bien évaluer la situation.
Rappelez-vous que nous sommes tous humains et que parfois, certaines situations viennent davantage toucher nos émotions. Accueillons et acceptons ces situations tout en identifiant les changements positifs à intégrer.
Maude Dubé, éducatrice spécialisée
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