
La compréhension des consignes
Voici une chronique pour mieux comprendre et intervenir en lien avec la compréhension des consignes données aux enfants.
Voici des exemples de consignes : « Va placer ton chandail dans le panier! », « J’aimerais que tu ranges ton livre et ailles chercher ton doudou après! » ou « Les enfants, nous sommes des lapins! On saute trois bons et on s’assoit sur une chaise… »
Le langage réceptif et le langage expressif
Dans une conversation, nous trouvons le langage réceptif et le langage expressif. Quand une personne nous parle, nous devons comprendre ce qu'elle nous dit. Cela s’appelle le langage réceptif. Quand nous répondons à cette personne, nous utilisons le langage expressif.
La compréhension des consignes fait partie du langage réceptif. Quand vous demandez à un enfant de ranger ses jouets, par exemple, cela implique le langage réceptif.
Les consignes simples et les consignes multiples
Les consignes simples comportent seulement une action. Les consignes multiples comportent plusieurs actions. Il est bien important de comprendre cela, car les consignes multiples seront vraiment difficiles à exécuter si la compréhension des consignes simples n'est pas acquise. Voici un exemple de consigne simple : « Thomas, va porter les crayons à William. » Voici maintenant un exemple d’une consigne multiple : « Thomas, va porter les crayons à William et reviens chercher les dessins pour les lui donner. »
La compréhension des consignes
On peut affirmer qu'une consigne est bien acquise quand celle-ci n'est pas accompagnée de soutien. Si la consigne est accompagnée d'une image ou d'un geste, par exemple, ou encore si vous devez indiquer ce que vous souhaitez du doigt, cela veut dire que la consigne n'est pas complètement acquise. Toutefois, cela n'est pas négatif d'utiliser un support pour aider un enfant à comprendre une consigne; cela est même souhaité. Imaginez que Laurence a de la difficulté à comprendre les consignes simples. Son éducatrice lui demande de ranger ses souliers en dessous de la tablette. Elle indique ses souliers du doigt et indique ensuite sous la tablette pour appuyer ses mots, tout cela en disant : « Laurence, place tes souliers en dessous de la tablette, juste ici. »
Être disposé à bien écouter une consigne
Si un enfant est en train de réaliser une tâche, il ne sera pas disposé à bien écouter une consigne. C’est le cas, par exemple, si Léo est concentré à faire rouler les voitures et que son éducatrice souhaite le prévenir que ce sera bientôt l’heure du diner et qu'il doit donc ranger ses jouets. Elle pourrait lui dire : « Léo, peux-tu commencer à ranger tes jouets, nous allons bientôt manger. » Il est toutefois fort probable que Léo continuera son jeu. Son éducatrice pourrait avoir tendance à penser que Léo ignore la consigne, mais puisqu’il est si concentré dans son jeu, a-t-il bien compris?
Suggestions pour aider les enfants à bien comprendre les consignes
- Quand vous donnez une consigne à un enfant, assurez-vous qu'elle est aussi simple et courte que possible pour ainsi être plus facile à comprendre. Ne vous perdez pas dans les grandes explications.
- Assurez-vous d'avoir l'attention de l'enfant. Vous pouvez lui demander d'arrêter son jeu ou encore de vous regarder (si le contact visuel est accepté par l'enfant). Vous pouvez toucher son épaule pour vous assurer de capter son attention.
- Tenez compte aussi de l'environnement. Si vous êtes dans une pièce bondée de monde, que la télévision est ouverte ou encore si vous êtes à l'extérieur et que des écureuils se courent après non loin de vous, il se peut que l'enfant n'arrive pas à se concentrer sur votre demande. Donnez à l'enfant le temps de regarder ce qui se passe et demandez-lui de vous écouter par la suite.
- Si la compréhension des consignes est difficile, n'hésitez pas à utiliser le langage non verbal. Vous pourriez indiquer les objets du doigt, mimer les actions souhaitées (ex. « Saute comme moi. ») ou utiliser des images. Entre autres, si c’est le temps de changer la couche d’un enfant, vous pourriez indiquer l'image de la couche du doigt ou encore lui montrer une couche.
- Si vous avez plusieurs consignes, il est préférable de les donner une à une. Par exemple, vous pourriez dire : « Va chercher l'assiette dans l'armoire et viens me voir. Maintenant, dépose ta collation dans l'assiette. »
- Pour aider un enfant de temps en temps, vous pouvez lui demander de reformuler votre consigne, surtout si vous croyez qu'il n'a pas compris. Cela vous aidera à confirmer sa compréhension. Il suffit de dire : « Je ne suis pas certaine que tu as bien compris! Qu'est-ce que tu dois faire? »
- Une autre façon de vérifier si la consigne a été bien comprise est de donner un choix de réponse à l’enfant. Cela peut aussi être fait avec humour. Voici un bel exemple : « Mmmm, qu’est-ce que je t'ai demandé? Est-ce que je t'ai demandé de marcher dans le local ou de courir comme une panthère? »
- Tenez compte de l'état émotionnel de l'enfant. S’il se sent épuisé, abattu ou irrité, il pourrait éprouver des difficultés à respecter vos directives. Personnellement, je trouve que la fatigue joue un grand rôle dans la difficulté à comprendre les consignes, que l'on parle d'une seule consigne ou de plusieurs.
Chantal Millette
Intervenante en stimulation du langage