Faut-il s’adapter au rythme des enfants ou leur imposer des horaires de siestes?
C’est tellement une bonne question! En milieu de garde, je constate qu’il y a une tendance à suivre le rythme des enfants pour la sieste le matin, mais qu’on impose un horaire pour la sieste de l’après-midi.
Bien que les enfants soient tous différents dans leur personnalité et dans leur façon d’appréhender le sommeil, un élément demeure identique pour tous : les besoins du corps physique. Les pédiatres Challamel et Thirion, des pionnières dans le domaine du sommeil pédiatrique, ont démontré hors de tout doute que les enfants du même âge ont des besoins similaires en sommeil, peu importe leur nationalité et leurs coutumes.
Tous les bébés de 10 mois, 11 mois, 12 mois, 2 ans, 3 ans, etc. ont donc le même besoin en sommeil au même âge. C’est étonnant, n’est-ce pas? Vous vous demandez pourquoi les enfants ne manifestent donc pas tous leur besoin de sommeil en même temps? Voici quelques pistes :
- Un enfant peut avoir passé une mauvaise nuit (plusieurs éveils nocturnes). L’enfant est donc épuisé dès son arrivée à la garderie et il manifeste des signes de fatigue évidents.
- Éveil trop matinal (avant 6 h 00). Un enfant qui se réveille trop tôt peut être prêt pour la sieste du matin bien avant la collation du matin.
- Un enfant peut être agité en raison d'une fatigue accumulée. Il s’active dans tous les sens, laissant croire qu’il n’est pas fatigué, mais s’il est en pouponbus, il tombe endormi aussitôt.
- Un enfant peut avoir fait une courte sieste sur le chemin pour se rendre à la garderie.
- Un enfant peut avoir une grande tolérance à la fatigue et sembler ne jamais avoir besoin de dormir.
- Vous pouvez avoir un bébé sourire qui ne demande jamais à dormir… ni même à manger parfois. C’est comme s’il ne reconnait pas les signaux que son corps lui envoie.
- Un enfant peut ne pas aimer dormir. Il pleure dès que vous le couchez, laissant croire qu’il n’a pas besoin de dormir.
- Un enfant peut aussi aimer dormir et s’étendre par terre au milieu des jouets, mais si vous le stimulez un peu, il semble tout d’un coup ne plus avoir de fatigue.
Il est donc difficile de s’y retrouver pour bien saisir la fenêtre de sommeil de chacun.
Si nous étions sans obligations et vivions dans un monde « parfait », si nous étions tous millionnaires (pourquoi pas!), sans le devoir d’aller au travail, d’être coincés dans la circulation (entre autres), les horaires n’auraient pas lieu d’être. Seul le respect du besoin de chacun serait omniprésent et on y répondrait. Cependant, cet énoncé est loin de correspondre à la réalité d’une grande majorité de familles. Un jour, les tout-petits vont à la garderie. Ils doivent parfois être réveillés très tôt, participer à des activités structurées pour leur développement, se présenter à des rendez-vous médicaux et vivre avec des adultes auxquels des horaires sont imposés… Nous n’avons éventuellement pas le choix de soumettre les enfants à cette même réalité.
C’est une des raisons qui fait que la sieste du matin est offerte en suivant le rythme des enfants. Les enfants plus jeunes et plus fatigués devraient être couchés plus tôt et ceux avec une fatigue dite normale qui sont plus âgés pourraient faire la sieste un peu plus tard. Par la suite, le repas du midi est à la même heure pour tous les enfants du milieu de garde, la sieste de l’après-midi et la collation au lever aussi. L’horaire prend le pas sur le rythme... et cela fonctionne très bien!
La morale de l’histoire est que chaque milieu de garde fait de son mieux! Suivre le rythme des enfants comporte certains avantages (surtout en matinée), mais d’autres avantages sont associés au fait de suivre l’horaire (surtout en après-midi).
Bon dodo!
Brigitte Langevin, auteure et conférencière
Experte en éducation au sommeil
Coach en PNL
www.brigittelangevin.com
https://www.facebook.com/bonneshabitudesdesommeil/
Un enfant qui dort bien est joyeux… et ses parents heureux!
Auteure de plusieurs livres dont : Sommeil - boite à outils aux Éditions de Mortagne