Syndrome de rappel au moment de la sieste
Les bébés ne naissent pas avec un chromosome de bonnes habitudes de sommeil. Celles-ci doivent assez souvent être enseignées. La plupart du temps, les enfants aux prises avec des problèmes de sommeil ont des parents aimants, sensibles et consciencieux. Fait étonnant, il est fréquent que la sensibilité et le dévouement des parents empêchent les enfants d’apprendre à bien dormir, puisque ces derniers découvrent, chemin faisant, qu’il y a mieux à faire que dormir. C’est la même chose dans les milieux de garde.
Le syndrome de rappel
Pour certaines éducatrices, l’heure du coucher de la sieste est source de stress. Les demandes, négociations et compromis n’en finissent plus : « Je veux une autre histoire…, j’ai encore soif…, j’ai oublié de faire pipi…, je veux un autre baiser…, encore un peu d’eau… » Ces requêtes incessantes se terminent souvent par des pleurs chez les enfants et l’exaspération du personnel de garde. Ce comportement est appelé le syndrome de rappel. Le verre d’eau, le câlin supplémentaire ou la visite aux toilettes ne sont pas des nécessités, mais bien des tactiques généralement employées pour étirer le temps de veille et mobiliser l’attention de leur éducatrice bien aimée!
Comment réagir? Le syndrome de rappel témoigne magnifiquement de l’inventivité des enfants. Plus celle-ci est grande, plus ils goutent de façon prolongée à la présence de leur éducatrice. Voici quelques éléments à revoir afin de faciliter cette période.
Le rituel du coucher
Le rituel du coucher marque la transition de l’éveil au sommeil et devient une source de sécurité et de réconfort pour les enfants. Une routine peut être mise en place pour les enfants dès l’âge de 2 à 4 mois. Elle devient importante pour ceux âgés de 2 à 4 ans qui testent toutes les limites. L’objectif d’une routine pour le coucher est de réduire progressivement la stimulation et de permettre aux enfants de se détendre avant de trouver le sommeil. En fait, ce n’est pas tant la routine qui prédispose au sommeil, mais plutôt l’association créée par cette répétition de gestes et d’activités, dont l’ultime étape est l’endormissement.
Certaines activités telles que la télévision, la chamaille et les chatouillis sont à proscrire avant le repos. La surexcitation n’épuise pas toujours les enfants de même que la télévision ne les relaxe pas nécessairement; elle est même susceptible de les rendre plus nerveux et irritables. C’est pourquoi bon nombre de milieux de garde préfèrent lire des histoires, discuter et chanter alors que les enfants sont installés tout près de leur éducatrice ou sur leur matelas.
Le rituel idéal est celui qui permet aux enfants de se laisser aller au sommeil sur une note positive.
Règles de base
Dans toute démarche éducative, une bonne part de la réussite repose sur l’application de certaines règles. Le sommeil ne fait pas exception. Voici quelques règles à respecter qui feront du rituel du coucher un moment privilégié et agréable.
- Le rituel du sommeil étant primordial pour les enfants, il faut lui consacrer un minimum de temps (environ 15 à 20 minutes) et éviter de le bâcler. Plus les enfants ressentent l’empressement à vouloir écourter cette période, plus ils résistent.
- Adopter un horaire stable. La première recommandation des spécialistes du sommeil est de donner aux enfants un rythme de vie régulier.
- Parler aux enfants de vos attentes face à leur sommeil. Les enfants, quel que soit leur âge, comprennent beaucoup plus que ne le laissent présager leurs capacités de langage.
- Les préparatifs au dodo doivent avoir un début et une fin. Ne pas excéder trente minutes. Ce temps est suffisant pour permettre aux enfants de se détendre.
- Il y a de fortes probabilités que les enfants testent vos consignes et essaient de prolonger ce moment. Là encore, il faut parler avec eux, leur annoncer que c’est la dernière histoire ou la dernière petite chanson, les couvrir et leur souhaiter une bonne sieste. Ils insisteront peut-être quelques jours, mais votre encadrement doit les dissuader. S’il n’en est rien, il faut revoir votre comportement et parfois modéliser celui d’une collègue qui a du succès.
- Les enfants doivent se retrouver au lit (bassinette, parc ou sur leur matelas) alors qu’ils sont encore éveillés. Pour bien dormir, ils doivent retrouver, lors de leurs microéveils, les conditions qui étaient présentes avant l’endormissement, notamment leur lit et leurs éléments de sommeil (couverture, suce, toutou, doudou).
Il est très difficile de gérer un groupe avec un enfant qui dort trop peu à la sieste. La majorité des problèmes en lien avec la sieste sont mineurs, quoique très désagréables. Dans la plupart des cas, vous pouvez rapidement remédier à la situation. La motivation, la constance et la détermination sont la clé du succès. Les efforts se traduisent alors par une vie de camaraderie plus heureuse et détendue. Ils en valent donc largement la peine.
Brigitte Langevin, auteure et conférencière
Experte en éducation au sommeil
Coach en PNL
Un enfant qui dort bien est joyeux… et ses parents heureux!
Auteure de plusieurs livres dont : Sommeil - boite à outils aux Éditions de Mortagne