Adapter nos attentes : mission impossible?
Nous avons tous des attentes dans les différentes sphères de notre vie : des attentes envers notre conjoint, nos enfants, nos amis, nos collègues, notre patron… même la caissière à l’épicerie!
Nous entretenons également des attentes à notre égard, en lien avec notre réussite professionnelle ainsi que nos petites et grandes réussites personnelles.
Bien souvent, les attentes nous permettent de fixer des objectifs à atteindre. Une fois atteints, nous ressentons de la fierté que nous pouvons partager lorsque nos attentes étaient à l’égard d’une tierce personne.
À l’inverse, les attentes peuvent créer des déceptions lorsqu’elles ne sont pas atteintes. Tout comme la fierté, la déception se transmet alors à la personne qui l’a provoquée, que ce soit nous-mêmes ou autrui.
Il en va de même pour nos attentes envers les enfants. Il arrive que celles-ci soient trop élevées en regard de leurs capacités et de leur niveau de développement. Une mise à jour de nos connaissances permet généralement de rendre ces attentes plus réalistes. Cependant, il se peut aussi que, malgré nos connaissances du développement typique de l’enfant, nos attentes demeurent trop élevées.
Pourquoi?
Je ne vous apprends rien en vous disant que nous vivons dans une société de performance où nous devons tout réussir avec brio dans chacune des sphères de notre vie. Ceci engendre une certaine anxiété de performance qui sera plus ou moins forte selon l’individu. La peur d’échouer, de se tromper ou de commettre une erreur nous amène à être très exigeants envers nous-mêmes et envers les autres… incluant les enfants. Parfois même, nous interprétons les comportements répréhensibles des enfants comme étant « de notre faute », une résultante de notre manque de compétence alors qu’il n’en est rien ou, du moins, la responsabilité ne relève pas que de nous.
Les enfants ont leur propre personnalité ainsi que des défis et enjeux reliés à leur âge. Malgré nos connaissances et nos compétences, ces derniers vivront des frustrations qu’ils exprimeront plus ou moins maladroitement. Ensuite, il nous revient de mettre en place des stratégies bienveillantes en prenant en considération les besoins des enfants. Bien que nous puissions être garants des moyens déployés, nous ne pouvons être garants des résultats.
Ainsi, il peut arriver que nous nous attendions à un comportement irréprochable de la part des enfants, puisque nous avons tout mis en place pour que celui-ci survienne. Lorsque le contraire se produit… catastrophe! Nous nous remettons alors en question, nous doutons de nous-mêmes. Parfois, se heurter à cette remise en question est si difficile que nous rabrouons les enfants pour qu’ils se conforment à nos attentes.
Qu’en est-il des enfants à besoins particuliers?
Les enfants ayant des diagnostics dits « invisibles » (qui ne sont pas visibles à l’œil nu, comme l’autisme, la dyspraxie, le TDAH) risquent plus d’être la cible d’attentes non adaptées, car nous conservons souvent les mêmes attentes que nous avons pour les enfants neurotypiques (sans diagnostic). Cette « invisibilité » est d’ailleurs un facteur de stress important pour les parents qui admettent oublier les défis de traitement de l’information de leur enfant. Il en va de même pour les éducateurs et éducatrices, nous nous en doutons bien.
Lorsque nous transmettons explicitement ou non notre déception à un enfant, il la ressent également. Cette déception répétée peut se transformer en colère, puis en impuissance acquise. L’enfant peut alors se dire : « Peu importe ce que je fais, ce n’est jamais correct. Je vais donc arrêter de faire des efforts. » Nous remarquons alors que l’enfant semble insensible aux interventions et ce, qu’elles soient positives ou non.
Eh bien, il semble que nous avons alors un début de réponse. Dans le prochain article, nous traiterons comment recadrer nos attentes face aux enfants à besoins particuliers.
Stéphanie Deslauriers