Ces petits qui argumentent comme les grands

Ces petits qui argumentent comme les grands

J’ai lu quelque part que, chez un enfant, savoir argumenter est signe qu’il aura une « belle qualité » plus tard. Je n’ai pu m’empêcher de sourire et d’avoir une petite pensée pour toutes les argumentations qui ont lieu dans ma propre maison. L’enfant qui sait argumenter sera peut-être en mesure de donner son point de vue à l’école, sur le marché du travail et dans la société, mais comment réagir à ce petit de 3 ou 4 ans qui argumente sur tout, qui négocie chaque fois pour obtenir le verre bleu au lieu du vert?

On dit souvent, avec raison, que le style d’intervention démocratique est idéal, car l’enfant peut prendre sa place et donner son opinion. L’adulte installe son cadre éducatif et laisse une place à l’enfant. Comment trouver un juste milieu entre laisser l’enfant argumenter et le cadre éducatif établi par l’adulte? Comment agir face à ce tout-petit qui argumente sur tout?

Voici quelques stratégies :

• Soyez ferme pour les règles que vous trouvez importantes. Il y a, dans tout cadre éducatif, des règles auxquelles l’on tient particulièrement, soit parce que leur non-respect peut compromettre la sécurité de l’enfant ou encore parce qu’elles font directement partie de vos valeurs. Pour ces règles, l’enfant doit recevoir le message qu’elles doivent être respectées sans compromis.
  
  
• Soyez constante et faites attention aux messages envoyés à l’enfant. L’enfant peut argumenter  et vous pouvez l’écouter, parce qu’il se peut qu’il ait parfois raison. Par contre, soyez prudente. Si vous valsez souvent au gré des négociations des enfants, que vous « cédez » toujours parce que l’enfant argumente, soyez assurée que l’enfant enregistre ce message et tentera alors de négocier chaque fois qu’une règle ne lui convient pas. Si vous appliquez quelque chose une fois, assurez-vous d’intervenir toujours de la même manière.
  
  
• Écoutez l’enfant. Si vous trouvez qu’il a raison, soyez humble et revenez sur vos décisions en lui expliquant pourquoi vous faites marche arrière.
  
  
• Donnez des choix à l’enfant. Un enfant à qui vous donnez le choix entre « le verre bleu ou le vert » aura le sentiment que vous le considérez et que son opinion est importante. Vous serez moins prise au dépourvu si, d’emblée, vous lui offrez des choix. L’enfant se sentira important et aura l’impression d’avoir un certain pouvoir, une certaine liberté de choisir.
  
  
• Au besoin, faites de l’ignorance intentionnelle. Si l’enfant argumente malgré le fait que vous lui avez expliqué le « pourquoi » et vous avez établi votre cadre, essayez l’ignorance intentionnelle en ce qui a trait à ses argumentations. En voyant qu’elles ne vous atteignent plus, il aura probablement tendance à diminuer ou cesser ses argumentations. Si vous embarquez dans le cercle de l’argumentation, vous ne verrez pas la fin et vous aurez de la difficulté à vous en sortir.
  
  
• Apprenez à l’enfant à nommer ses émotions. L’enfant fait face à plusieurs règles et le fait d’y être constamment confronté peut provoquer certaines émotions. Nommez celles-ci, par exemple en disant : « Tu es contrarié/fâché/triste de ne pas pouvoir obtenir un deuxième morceau de dessert… » L’enfant se sentira compris et cela pourra grandement apaiser sa colère ou sa peine.

Plus les enfants avancent en âge, plus vous ferez face à ce phénomène. De par leur personnalité, certains seront également plus enclins à négocier pour un tout ou pour un rien. Un petit être est en construction et l’argumentation l’aidera à développer sa personnalité. Qui sait, vous avez peut-être un futur politicien devant vous…

Maude Dubé, éducatrice spécialisée

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