Ces enfants qui vivent une séparation parentale
Vous ne serez pas surprise d’apprendre qu’au cours de votre carrière, il y a de bonnes chances qu’un enfant de votre service de garde vive une séparation parentale. De plus en plus, les enfants sont confrontés à cette problématique familiale qui les touche directement. Que ce soit par un quotidien chamboulé, une routine bouleversée ou un climat de tension qui peut s’abattre sur la famille, l’enfant sera touché d’une manière quelconque. Même si les parents font tout en leur pouvoir pour éviter toutes répercussions chez leur enfant, ce changement familial aura un impact majeur dans la vie de celui-ci. De plus, l’enfant réagira inévitablement d’une façon qui lui est propre. Qu’on le veuille ou non, chaque enfant est unique et les réactions des enfants le sont tout autant. Plusieurs facteurs dont l’âge, le sexe de l’enfant, la formule de garde adoptée, le degré de conflit ainsi que la recomposition familiale peuvent influencer la réaction qu’un enfant aura face à la séparation parentale.
Il est également fort possible que l’enfant vive une période transitoire où certains comportements plus réactifs peuvent apparaitre. Il n’est pas rare de voir augmenter les gestes agressifs chez l’enfant, une tristesse plus marquée, une insécurité qui peut se manifester par des pleurs, un besoin plus accru d’avoir l’adulte près de lui, un changement d’appétit et une augmentation des crises de colère. L’enfant ne se sent pas bien; il vit un bouleversement majeur dans sa vie et n’a peut-être pas les mots pour exprimer ce qu’il ressent. Il tentera de vous le démontrer d’une façon quelconque. Il est parfaitement normal d’observer ces réactions chez l’enfant. Laissez-lui un peu de temps. Souvent, tout se replace quand la stabilité revient et le climat est moins tendu. Entre temps, il est bien important de maintenir vos règles en place. Lorsque l’enfant a un geste agressif envers un autre enfant ou un objet, intervenez de la même façon que vous le feriez avec un autre enfant. Il ne faut pas « excuser » le comportement parce qu’il vit un bouleversement, car cela risquerait de créer d’autres problèmes dans le futur.
Même si cette situation touche principalement la famille, vous serez touchée en tant qu’éducatrice d’une certaine manière. Vous devez vous aussi être outillée pour faire face à une telle situation. Voici quelques pistes qui peuvent vous guider :
- Soyez respectueuse, évitez de juger la situation. Peu importe les raisons de la séparation, vous devez rester très neutre face à celle-ci. C’est une décision qui appartient aux parents seulement.
- Soyez à l’écoute des parents. Ils auront peut-être besoin de parler un peu. Entre autres, ils vous informeront probablement des différents changements à venir pour leur enfant (déménagement, changement de garde, réactions quelconques, etc.). Démontrez une attitude d’écoute pour les amener à collaborer ensemble.
- Rassurez l’enfant par rapport aux changements à venir. Par exemple, pour que l’enfant sache qui viendra le chercher à la fin de la journée (si ce n’est pas toujours la même personne), affichez une petite photo de la personne en question et rappelez-lui en fin de journée pour le préparer. Laissez-lui son objet de transition plus longtemps pour le rassurer...
- Organisez de petites activités ou lisez une histoire qui parle de la séparation. En groupe, identifiez ce que les personnes vivent dans l’histoire, les émotions ressenties, etc.
- Collaborez avec les parents, informez-les de vos observations concernant leur enfant et ce, autant pour les comportements négatifs que les améliorations. Ensemble, trouvez des solutions pour rassurer l’enfant, pour l’aider le plus possible à passer au travers de cette étape.
- Allez chercher de l’aide si vous vous sentez démunie. Votre bureau coordonnateur peut probablement vous apporter du soutien et du support pour vous outiller afin que vous puissiez intervenir adéquatement auprès de l’enfant.
- Notez les ressources du milieu et parlez-en avec les parents si vous voyez que la situation ne s’améliore pas après un certain temps. Ne prenez pas tout sur vos épaules. Partagez aussi votre vécu émotionnel face à cette situation, car l’enfant aura peut-être divers comportements qui viendront chambarder votre quotidien un peu.
Enfin, comme pour toute situation, dites-vous que les réactions négatives diminueront avec le temps. Parfois, laisser la poussière retomber est le meilleur moyen pour tous…
Maude Dubé, éducatrice spécialisée