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Problématique chez un enfant; comment en parler avec les parents?

Bonjour Madame Deslauriers,

Je suis éducatrice dans une garderie privée et un enfant de mon groupe semble avoir un retard de développement. J’ai même cru qu’il pourrait être autiste, malgré que je n’en sois pas certaine. Cependant, selon sa famille, l’enfant ne présente aucun problème. Ainsi, les parents ne semblent pas réceptifs quand je leur parle de mes observations.

 

Comment faire pour rétablir, voire établir la communication avec eux? Je veux tout simplement le bienêtre de cet enfant. Merci!

 


 

Bonjour à vous,


En effet, le lien parents-éducatrice est primordial pour le bienêtre de l’enfant. Il permet à ceux-ci d’adopter des pratiques et des stratégies éducatives cohérentes. De cette manière, l’enfant reçoit des messages semblables, peu importe le milieu de vie dans lequel il se trouve. Cette cohérence lui permet de se sentir en sécurité et confiant.

 

Ce lien est d’autant plus important quand l’un ou l’autre des milieux de vie observe des défis liés au développement de l’enfant. Si les parents se sentent déjà en confiance avec l’éducatrice de leur enfant, ils tendront à être plus ouverts aux observations qui leur sont rapportées.

 

Cependant, il se peut aussi que les parents soient réfractaires parce qu’ils n’observent pas les mêmes comportements à la maison, parce qu’ils ne sont pas prêts à se faire confirmer le fait que leurs inquiétudes sont partagées par d’autres ou encore parce qu’ils ne voient pas que ces comportements ne sont pas la norme.

 

En effet, il arrive que les comportements observés en milieu de garde ne soient pas présents à la maison et ce, tout simplement parce que ces milieux de vie sont très différents. Dans l’un, l’enfant apprend à vivre avec 7, 8 ou 9 autres enfants. Ils doivent tous se partager l’attention de l’adulte, attendre leur tour, partager leurs jouets, suivre un horaire assez fixe et donc, vivre plusieurs transitions par jour. À la maison, l’enfant est parfois enfant unique ou encore a-t-il un ou quelques frères et sœurs. Les frustrations ne sont pas les mêmes et elles sont moins nombreuses. Il y a aussi moins de stimulus auditifs et visuels.

 

Ainsi, si l’éducatrice observe que l’enfant semble souvent dans la lune ou qu’il ne semble pas se sentir concerné lorsqu’elle s’adresse à lui, il se peut que l’enfant soit surstimulé par les bruits et les choses qu’il voit dans son environnement. Cela fait en sorte qu’il ne porte pas son attention sur la personne qui lui parle. Il peut aussi avoir du mal à se centrer sur ce qui se passe autour de lui, n’arrivant pas à éliminer toutes les stimulus qui sont mal gérés par son cerveau. Il se « met dans sa bulle », d’où l’impression que l’enfant n’entend pas ou ne reconnait pas son nom, par exemple. Cependant, à la maison, puisqu’il y a moins de bruit et que l’enfant est en interaction directe avec ses parents, ce comportement peut ne pas être observé.

 

Il est aussi probable que les parents ont observé les mêmes choses, mais qu’ils ne sont pas prêts à avouer qu’il y a effectivement un problème. Ils tendent alors à changer d’avis fréquemment sur la présence ou non de difficultés chez leur enfant. Cet avis varie en fonction de, par exemple, leurs observations quotidiennes ou l’humeur de leur enfant. S’ils sont rendus à ce stade et qu’ils se font dire par l’éducatrice qu’elle observe les mêmes choses, il se peut que les parents tendent à dédramatiser ce qui est nommé et observé voire éviter momentanément les discussions avec l’éducatrice. N’étant pas prêts à être confrontés aux difficultés de leur enfant, ils vont tendre à faire de l’évitement. Cette situation peut être frustrante pour l’éducatrice qui perçoit que les parents sont insensibles, inconscients ou encore qu’ils ne la prennent pas au sérieux ou qu’ils ne croient pas à la pertinence de son travail. Il n’en est rien, bien souvent; les parents entament tout simplement leur processus de deuil face à l’enfant et la famille idéale et imaginée. Ils peuvent craindre pour l’avenir et penser à tort que leur enfant ne s’adaptera jamais et que la situation s’aggravera. L’éducatrice est donc le reflet de ce que les parents ne veulent pas voir.

 

Enfin, il se peut aussi que les parents ne sachent pas que les comportements adoptés par leur enfant ne font pas partie du développement typique des enfants. Ils tendront donc à remettre en question les observations de l’éducatrice, convaincus que cette dernière exagère.

 

Alors, quelles stratégies adopter pour communiquer vos inquiétudes aux parents et vous assurer de leur collaboration?

 

Axez vos inquiétudes sur le bienêtre de l’enfant; dites aux parents que vous leur communiquez ces observations afin de valider s’ils observent les mêmes choses à la maison.

 

Sensibilisez les parents à l’importance d’intervenir de façon précoce, peu importe la nature de la difficulté rencontrée. Ils doivent savoir que vous faites cela pour leur enfant, pour qu’il se développe harmonieusement et pour qu’il rattrape les retards qu’il accuse.

 

Si vous désirez que l’enfant se fasse évaluer en clinique du développement ou par un professionnel quelconque, précisez que c’est simplement pour infirmer ou confirmer la présence d’un trouble. Rassurez les parents en leur disant que peu importe la nature du problème, des stratégies peuvent être mises en place pour aider l’enfant à se développer. Enfin, s’il y a présence d’un trouble, les parents en auront le cœur net et pourront obtenir des services en lien avec les besoins de leur enfant. Si l’évaluation infirme la présence d’un trouble, les parents pourront donc cesser de s’inquiéter.

 

Lorsque vous nommez les difficultés observées chez l’enfant, parlez aussi des forces de l’enfant, de ses qualités, de ses réussites. Les parents verront donc que vous voyez aussi du positif chez leur enfant, des forces sur lesquelles vous pourrez vous appuyer pour travailler avec lui.

 

Si vous utilisez des stratégies qui fonctionnent bien, partagez-les avec les parents. Au contraire, si vous ne savez comment intervenir, demandez aux parents ce qu’ils font dans une situation donnée. Advenant le cas où ni vous ni les parents ne savent quelles stratégies adopter, n’hésitez pas à aller chercher de l’aide extérieure. Les évaluations en clinique du développement se font à partir d’une référence du médecin de famille. Le CLSC du quartier de la famille peut aussi les guider dans l’obtention de services et même continuer de les soutenir durant l’évaluation.

 

Enfin, tentez de respecter le rythme d’acceptation des parents; ils vivent un processus difficile d’acceptation et de deuil.

 

Bon succès!

 

Stéphanie Deslauriers


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