Colère chez un enfant de 9 ans
Salut,
J’ai adoré ton article Agir au lieu de réagir. Je suis moi-même éducatrice. Certaines situations me surpassent et je ne sais alors plus comment réagir.
Depuis le mois de janvier, nous avons la garde des deux filles de mon chum. Elles ont 6 ans et 9 ans. Celle de 9 ans a des troubles d’opposition très importants. Bien qu’elle se soit améliorée, elle fait à l occasion des crises de colère. On ne voit pas la situation venir; elle explose! Lorsque cela arrive, elle crie, elle nous frappe et elle essaie de nous mordre. Tout cela peut arriver simplement parce qu’on lui demande d’aller brosser ses dents ou de mettre son pyjama pour aller se coucher. Elle veut être une adulte et choisir elle-même son heure de coucher. La méthode 1-2-3 ne marche pas avec elle. À cause de son âge, on ne peut plus agir de la même façon. Je ne peux pas, par exemple, lui dire : « Va prendre ton bain, sinon c’est moi qui va te mettre dans le bain et te laver. » On fait du renforcement positif avec les pièces d’or (educatout) et le coffre aux trésors. Quand elle passe une belle journée, elle a droit à sa pièce d’or et quand elle a réussi à en accumuler dix, elle a droit à un privilège. Je ne sais pas si tu comprends mon problème. En plus, je ne suis pas sa mère, même si je suis dans sa vie depuis 3 ans et demi.
Merci.
Bonjour à vous,
Je comprends très bien votre situation. Puisque je travaille depuis plusieurs années auprès des familles, je vous rassure, vous n’êtes pas la seule à vivre une telle situation. Plusieurs parents vivent des crises d’opposition de leur enfant et tentent du mieux qu’ils peuvent d’atténuer l’intensité et le nombre de celles-ci.
Il est important, tout d’abord, de recréer le lien avec l’enfant. Passez du temps de qualité avec elle, par exemple une courte période de 15-20 minutes par jour où vous êtes seule avec elle à faire une petite activité qu’elle aura choisie. Je sais que parfois, le temps est difficile à trouver dans l’horaire familial, mais croyez-moi, ceci pourrait faire une énorme différence dans votre relation avec elle. La relation avec l’enfant est la base de tout si on veut établir un lien positif pour ensuite pouvoir intervenir. Devant un enfant plus « opposant » ou plus « réfractaire », il arrive souvent que l’on tombe dans les interventions « négatives ». Nous ignorons les bons coups, mais mettons beaucoup d’emphase sur tout ce qu’il fait de « pas correct ». Il faut renverser la roue et briser le cercle d’attention négative.
Je trouve que l’idée du renforcement positif avec le système des pièces d’or est très bonne. Avez-vous pensé à séparer la journée en « petites périodes » plutôt que de donner une pièce pour toute la journée? Il faut parfois faire attention quand on instaure un tel système pour ne pas décourager l’enfant. Une petite crise le matin ou le soir lui fera perdre sa pièce d’or, même si elle a fait de beaux efforts toute la journée. De plus, si la pièce d’or est perdue le matin, l’enfant n’a donc plus aucun intérêt à faire des efforts pour le reste de la journée, car elle a déjà perdu son renforcement. Je vous propose de créer un calendrier pour chaque semaine et de diviser chaque journée en 2 ou 3 périodes (matin, après-midi et soir). À la fin de chaque période, colorier la section correspondante en vert s’il n’y a pas eu de crise. Une fois qu’elle a accumulé 2 ou 3 carrés verts, elle a droit à sa pièce d’or. Ces carrés verts doivent s’accumuler d’une journée à l’autre. Par exemple, si le lundi elle a deux périodes dans le vert et une autre période dans le vert le mardi matin, elle obtient sa pièce d’or. Ce n’est qu’une suggestion pour bonifier le système que vous avez déjà mis en place. Prenez-le temps d’en discuter avec votre conjoint pour trouver un terrain d’entente.
Pour améliorer la collaboration lors des moments de transition tels que l’heure du souper, le coucher, le repos ou tout autre moment qui peut occasionner une crise, vous pourriez expérimenter deux techniques différentes. La première technique consiste à utiliser une minuterie. Il s’agit de minuter le temps restant avant un changement d’activité. La sonnerie retentit une fois le temps écoulé. Avant de démarrer la minuterie, avertissez l’enfant qu’il lui reste X minutes avant d’aller manger, prendre son bain…
Une autre technique fort utile est la technique du « si/alors… » Cette technique vise à démontrer à l’enfant qu’il peut être « payant » de faire ce qu’on lui demande tout de suite pour pouvoir passer à une activité plaisante. Par exemple, vous pourriez lui dire : « Si tu te laves tout de suite, tu pourras retourner regarder la télévision rapidement. » Il faut parfois plusieurs répétitions pour que l’enfant comprenne bien, mais ce sont deux techniques qui, lorsqu’elles sont utilisées ensemble, donnent de beaux résultats.
Pour terminer, on ne peut passer sous silence certains conseils concernant les crises : ne pas plier à sa demande pour éviter une crise, ne pas essayer de négocier pendant la crise de l’enfant, car elle n’entend plus rien, laisser l’enfant se calmer et discuter ensuite. Il n’y a pas de « formule magique » pour éviter les crises outre une intervention constante et calmante. Si vous appliquez certaines méthodes avant le début de la crise, une diminution progressive se fera observer. L’important, quand on fait face à un enfant plus opposant, c’est d’être à l’aise avec les méthodes choisies. Si vous êtes à l’aise, vous avez confiance en vos méthodes et vous demeurez ferme dans vos interventions, l’enfant comprendra rapidement qu’il n’y a plus de place pour la négociation. C’est à ce moment que vous verrez progressivement le nombre de crises diminuer.
Il s’agit d’être bien préparée pour AGIR au lieu de RÉAGIR au comportement de l’enfant!
Sur ce, je vous souhaite bonne chance.
Maude Dubé, éducatrice spécialisée