L’alimentation autonome d’un bébé ou finies les purées?
Un poupon intègre votre service de garde et le parent vous dit ceci : « Notre bébé a 7 mois et aime manger des aliments solides tout seul. » Oui! Vous avez bien entendu, des aliments solides et ce, à 7 mois! Vous avez des doutes? Vous avez peur qu’il s’étouffe? Voici quelques explications pour vous aider à comprendre.
Est-ce une nouvelle recommandation officielle ou une mode?
Cette approche est de plus en plus populaire auprès des familles et elle s’appelle l’alimentation autonome ou la diversification alimentaire menée par l’enfant (DME). C’est en Angleterre, en 2008, que les auteures G. Rapley et T. Murkett ont renversé la façon traditionnelle de sevrer les bébés en proposant le « Baby led weaning* ». Cette nouvelle approche se fonde sur le fait que les capacités orales, motrices et musculaires des bébés peuvent leur permettre de s’alimenter seuls vers l’âge de 6 mois. Du traditionnel « sucer, avaler et respirer » des purées servies à la cuillère, l’enfant apprend seul à manger grâce à sa volonté, son plaisir et son expérimentation. Ainsi, il développe progressivement ses compétences (mâcher, mastiquer et déglutir) tout en protégeant ses voies respiratoires.(1)(2)
*Traduction libre : le sevrage mené par l’enfant.
Du côté de nos experts, en 2014, Santé Canada a actualisé les recommandations sur la nutrition de l’enfant âgé de 6 à 24 mois. Les nouvelles pratiques officielles convergent aussi vers l’autonomie du bébé et l’importance de mettre en place une alimentation sensible à ses besoins.(3)(4)
Résumé des recommandations de Santé Canada pour introduire des aliments complémentaires au lait maternel ou aux préparations commerciales chez le nourrisson :
- Le bébé doit être âgé d’environ 6 mois et être prêt (voir ci-dessous : Quand le bébé est-il prêt?).
- Respecter les signaux de faim et de satiété de l’enfant.
- Débuter par des aliments riches en fer (la viande, le poisson, la volaille, les œufs entiers, les légumineuses, le tofu et les céréales enrichies de fer) et en offrir deux fois par jour.
- Ensuite, il n’y a plus d’ordre, sauf pour le lait de vache qui peut être introduit dès 9 mois.
- Offrir des textures variées dès le début dont des aliments à manger avec les doigts.
- Offrir des aliments riches en éléments nutritifs.
- Apprendre au bébé à boire avec une tasse ouverte, plutôt que d’utiliser un gobelet antigoutte.
Les particularités de l’alimentation autonome
Vers l’âge de 6 mois, le lait maternel ou la préparation commerciale sont les principaux aliments de l’enfant. L’alimentation autonome permet d’introduire des aliments complémentaires sans passer par la purée. On présente au nourrisson des aliments en gros morceaux et il s’alimente par lui-même dès qu’il est prêt. Les aliments offerts sont bien cuits ou très mous afin qu’il soit capable de les écraser avec ses gencives. Il faut aussi que les morceaux soient assez gros pour que le poupon soit capable de les prendre avec la main car, à cet âge, il ne fait pas encore le mouvement de pince avec les doigts. L’enfant est à table avec les autres dans un siège approprié. Différents aliments sont placés devant lui. Il détermine quels aliments il désire manger et en quelle quantité. Il découvre et développe ses signaux de faim et de satiété. (5)(6)
C’est le désir de manger (l’appétit) qui incitera un tout-petit à porter des aliments à sa bouche. L’adulte peut aider à soutenir les aliments et donner l’exemple en mangeant à côté de lui. Toutefois, il vaut mieux ne pas le déconcentrer en le nettoyant ou en mettant des aliments dans sa bouche, car le bébé est en apprentissage.(6) En effet, il apprend à contrôler son reflexe nauséeux ainsi que la taille de ses bouchées et essaie de coordonner ses mouvements. Que de travail! Il est donc normal que les quantités absorbées soient minimes au début.(3)(5)(6)
Quand le bébé est-il prêt?
Pour commencer une alimentation autonome, le bébé doit démontrer qu’il est prêt à recevoir des aliments complémentaires par des signes bien concrets tels que :
- Il a faim plus vite qu’à son habitude et il est très intéressé par ce que mangent les autres.
- Il fait des tentatives d’attraper des aliments et de les porter à sa bouche.
- Physiquement, il est capable de s’assoir sans aide, de se pencher vers l’avant, de bien contrôler les muscles de son cou et il laisse savoir qu’il n’a plus faim en se reculant ou en tournant la tête.(3)(4)
- Il conserve la nourriture dans sa bouche sans la faire ressortir immédiatement avec la langue et il produit de la salive.(4)(6)
Pour pouvoir observer ces signes avant-coureurs que le bébé est prêt, il faut donc qu’il participe le plus possible aux repas de la journée.
Rassurez-vous! Les risques d’étouffement chez les petits sont principalement associés aux aliments petits, ronds, durs ou cylindriques, comme les saucisses à hotdog, les raisins entiers, les tranches de carottes, les graines, les noix ou autres fèves séchées ou rôties et les bonbons durs.(3)(4) Au début de l’alimentation autonome, tous les aliments sont soigneusement sélectionnés. Comme d’habitude, la surveillance de l’adulte est requise à table.
L’alimentation autonome ou les purées?
L’alimentation autonome n’est pas « antipurée ».Il est toujours possible d’offrir des aliments à la cuillère lorsqu’ils sont originalement mangés de cette façon. C’est le cas des céréales, du yogourt, du fromage cottage, etc.(6)
Dans tous les cas, ce sont les parents qui choisissent l’approche avec laquelle ils sont à l’aise pour nourrir leur enfant. De plus, tout nouvel aliment devrait être introduit à la maison (pour prévenir une réaction allergique dans votre service de garde). Ainsi, la mise à jour de vos connaissances sur l’alimentation du nourrisson, votre expertise et vos observations quotidiennes seront des informations très précieuses pour faire progresser l’alimentation de ce nouveau poupon. C’est un travail d’équipe dont le petit est un membre actif et déterminant!
Par Nancy Bass, Christine Gadonneix et Nathalie Regimbal, diététistes-nutritionnistes
© Manger Futé, Décembre 2015
Références et liens utiles :
(1) RAPLEY, Gill et Tracey MURKETT. Baby Led Weaning: Helping Your Baby to Love Good Food, 2008.
(2) RAPLEY, Gill et Tracey MURKETT. Baby Led Weaning: the essential guide to introducing solid foods and helping your baby to grow up a happy and confident eater. The Experiment, 2010. http://baby-led.com
(3) Santé Canada, La nutrition du nourrisson né à terme et en santé : recommandations pour l’enfant âgé de 6 à 24 mois, 2014 :
http://www.hcsc.gc.ca/fn-an/nutrition/infant-nourisson/recom/recom-6-24-months-6-24-mois-fra.php
(4) Société canadienne de pédiatrie. L’alimentation de votre bébé jusqu’à un an, 2014.
http://www.soinsdenosenfants.cps.ca/handouts/feeding_your_baby_in_the_first_year
(5) RAPLEY, Gill. Dépliant en Anglais seulement, Baby-led weaning :
http://www.rapleyweaning.com/assets/blwleaflet2.pdf
(6) GRIFFIN, Sandra Dt.P., nutritionniste et experte en alimentation autonome du bébé.
www.Mamanmangebien.com
Les nutritionnistes de Manger Futé fournissent du coaching pour l’élaboration d’une politique alimentaire adaptée au milieu pour définir rapidement les orientations. Elles analysent les menus et elles forment les responsables de l’alimentation, les RSG, les conseillères pédagogiques et les agentes de conformité pour s’assurer d’offrir aux enfants des menus savoureux qui respectent les recommandations du Guide alimentaire canadien et les exigences du milieu. Elles offrent également des ateliers et des conférences pour les enseignantes, les éducatrices et les parents afin de les soutenir dans leur rôle et responsabilité relativement à l’adoption de sains comportements alimentaires chez les enfants.