Les repas avec un enfant à besoins particuliers
Bonjour Stéphanie,
Depuis septembre, un enfant autiste fréquente mon milieu de garde. Le tout se déroule assez bien; il respecte les consignes, est doux avec les amis et fait sa sieste comme un grand!
Par contre, le moment du diner est très problématique pour lui : il peut se relever plusieurs fois durant le repas, refuser de manger, pleurer lorsque j’insiste et faire une crise.
Évidemment, je veux qu’il mange pour qu’il ait de l’énergie et se développe sainement. Comment l’aider durant ce moment de la journée?
Merci!
Céline
Bonjour Céline,
Ce que vous observez n’est pas rare. Beaucoup d’enfants autistes présentent ce qu’on appelle des rigidités alimentaires. Cette particularité est due au fait qu’ils peuvent avoir de l’hypersensibilité au niveau des sens, dont le gout. Cela fait en sorte qu’ils peuvent, entre autres, trouver la nourriture trop chaude ou trop froide. Par ailleurs, les gouts peuvent les agresser et certaines textures peuvent leur « lever le cœur ». D’autres enfants ne peuvent supporter que les différents aliments dans leur assiette se touchent.
Certains enfants particulièrement sensibles aux textures peuvent manger avec leurs mains, même s’ils savent se servir d’ustensiles. Au contraire, d’autres peuvent ne pas tolérer d’avoir les mains sales; ils refuseront de toucher leur nourriture ou ressentiront le besoin de laver leurs mains ou de les essuyer fréquemment.
Il y a d’autres éléments qui pourraient expliquer les comportements problématiques de l’enfant dont vous faites mention dans votre question. A-t-il du mal à rester assis longtemps (que ce soit durant les repas ou durant une activité structurée)? Il peut ressentir des fourmis dans ses jambes et avoir besoin de se dégourdir.
Aussi, les repas impliquent la proximité avec les autres et souvent, une surstimulation : beaucoup de mouvements, de bruits, d’odeurs et de discussions que l’enfant autiste ne comprend pas nécessairement ou qu’il peut trouver agressants.
Il importe donc d’observer ces moments de repas et de voir quels seraient les besoins de cet enfant. Vous pouvez également communiquer avec les parents pour savoir comment se déroulent les périodes de repas à la maison et s’ils adoptent des stratégies gagnantes pour aider leur enfant à s’alimenter.
Vous pourriez aussi choisir astucieusement la place assignée à chaque enfant durant les repas. Par exemple, l’enfant autiste pourrait être assis près de vous, à une extrémité de la table. Ainsi, il aurait moins de « voisins » donc moins de stimulations de toutes sortes. Cela pourrait l’aider à être plus calme.
Vous pourriez valider quels aliments il préfère et à quelle température il est souhaitable qu’il les mange (pour éviter qu’il ait l’impression que c’est trop chaud et douloureux, par exemple).
Enfin, il vous sera primordial de cibler un comportement à modifier à la fois, et ce, afin de ne pas vous en mettre trop sur les épaules. Vous pourriez décider de prioriser le fait de rester assis, par exemple par la modification de la place assignée et le droit d’avoir un outil sensoriel (ballon pour s’assoir, coussin lourd sur ses cuisses, etc.).
En vivant une réussite, il sera plus facile pour vous et l’enfant de vous attaquer aux autres difficultés. De votre côté, vous serez confiante, motivée et fière d’avoir réussi une étape.
Bon appétit!
Stéphanie Deslauriers