
Avoir ou ne pas avoir un « shadow » pour un enfant à besoins particuliers
Bonjour Stéphanie,
Je suis éducatrice en milieu de garde dans un groupe d’enfants de 4-5 ans. Un enfant ayant de multiples diagnostics a été intégré il y a quelques mois. Il fait des crises tous les jours. Il peut taper les amis, refuser de manger, s’agiter lors de la période de sieste… J’ai tenté plusieurs solutions : l’horaire visuel, les outils sensoriels adaptés (recommandés par l’ergothérapeute qui suit l’enfant en question), le retrait, l’ignorance intentionnelle et la proximité physique. Cependant, les résultats ne sont pas concluants. Nous pensons qu’un « shadow » pourrait être indiqué pour cet enfant.
Qu’en penses-tu?
Premièrement, il est important de s’écouter en tant qu’éducatrice, de reconnaitre ses limites, d’aller chercher l’aide requise au besoin, de faire équipe avec les parents et de s’assurer que tous souhaitent la même chose pour l’enfant : son bienêtre et son épanouissement dans le groupe. C’est ce que vous avez fait jusqu’à maintenant. Bravo!
À partir de là, plusieurs stratégies sont possibles. Dans votre cas, vous semblez en avoir essayé plusieurs en collaboration avec l’équipe parentale. Je crois que vous faites bien de vous questionner sur d’autres moyens qui permettront à l’enfant de se sentir bien.
Qu’est-ce qu’un « shadow »?
Il s’agit d’un intervenant (entre autres un éducateur spécialisé ou un psychoéducateur) qui accompagne en « un pour un » l’enfant ayant des besoins particuliers, que ce soit pour une partie ou pour l’ensemble de la journée.
Les avantages d’un « shadow » sont nombreux :
- Sensibilisation à la différence pour les autres enfants et leurs parents.
- Permettre à l’enfant qui bénéficie des services adaptés de s’impliquer dans les mêmes tâches que les enfants de son groupe.
- Permettre à l’enfant de vivre des réussites.
- Permettre à l’enfant de faire des activités adaptées à ses besoins.
- Interventions individualisées.
- Prévention des crises davantage possible (on a le temps, les compétences et les ressources humaines nécessaires).
Les inconvénients :
- La stigmatisation peut être possible par les autres enfants (quoique durant la petite enfance, cette réalité est beaucoup moins observée qu’en milieu scolaire en raison de l’âge et du niveau de compréhension des enfants). En fait, lorsqu’il y a stigmatisation, on constate que c’est en raison d’une incompréhension de la différence. Lorsque cette différence est expliquée aux enfants dans des mots adaptés à leur niveau de compréhension, on observe une diminution, voire une extinction de la stigmatisation.
- Inclusion plus difficile pour l’enfant accompagné (l’enfant est perçu comme moins accessible, puisqu’un adulte est constamment à ses côtés).
- Couts élevés.
À évaluer avant de prendre une décision :
- L’ouverture de l’éducateur principal et sa capacité de collaboration avec un autre adulte.
- Les capacités financières du milieu.
- Le degré d’atteinte dans les différentes sphères du développement de l’enfant, sa capacité d’adaptation, d’inclusion au groupe, d’accomplir les activités avec succès, de vivre des réussites (ou non) et la possibilité d’améliorer la dynamique du groupe. En d’autres mots, est-ce qu’un « shadow » est vraiment adapté aux besoins de l’enfant ou est-ce que d’autres interventions sont possibles et souhaitables?
Enfin, il faut garder en tête qu’une décision de la sorte doit être prise POUR le bienêtre de l’enfant.
Stéphanie Deslauriers