Je me motive pour les activités sportives
Bonjour,
Je suis la maman d’un petit garçon de 3 ans et demi. Il est très créatif et a une très grande imagination. Il aime beaucoup jouer à des jeux où il peut laisser libre cours à son côté imaginatif (jouer avec des figurines ou jouer à faire semblant d’être un superhéros par exemple). Il est très énergique et très sociable.
Par contre, il éprouve des difficultés d’apprentissage au niveau moteur. Nous essayons de lui apprendre à faire du vélo (à 3 roues), à jouer au hockey, au ballon et à nager, mais sans succès. Il n’est pas vraiment intéressé à apprendre à faire ces choses et il ne persévère pas dans ses apprentissages.
Lorsqu’il veut essayer une nouvelle activité motrice, il se décourage extrêmement rapidement si cela ne fonctionne pas du premier coup et il ne veut plus réessayer par la suite. Il cherche continuellement à avoir du plaisir, ce qui rend difficile les moments où il doit s’appliquer à faire des tâches et où il doit être attentif.
J’aimerais avoir des trucs pour stimuler sa persévérance et son désir d’apprendre des activités motrices.
Merci beaucoup!
Bonjour Madame Leclerc,
J’ai tout d’abord envie de vous rassurer que c’est parfaitement normal de favoriser le plaisir avant tout lorsqu’on a 3 ans et demi. Il faut aussi dire que votre fils est encore tout petit et qu’il a encore le temps de perfectionner ses capacités dans une variété d’activités sportives au fil des années à venir. Je vous propose tout de même une petite brochette de stratégies visant à stimuler la motivation et la persévérance dans les apprentissages moteurs.
Développez l’intérêt
L’intérêt pour une activité motrice peut être stimulé par la création d’opportunités d’exposition à celle-ci ainsi que par l’accès à l’information. Il s’agit ici de permettre à l’enfant d’observer, de questionner et de visualiser sans qu’il ressente la pression d’apprendre cette activité motrice. Par exemple, pour le hockey, on visite l’aréna, on parle de la température, de la surfaceuse (zamboni), on regarde des lames de patins et on s’impressionne que les gens arrivent à se déplacer sur la glace avec elles. On peut aussi créer un intérêt pour les équipes de hockey, leur nom/leur logo et regarder des photos de joueurs pour ensuite les repérer à la télévision, etc. L’objectif est d’attendre que l’enfant demande de lui-même à apprendre cette activité motrice.
Créez une motivation
Peu importe le domaine, tout apprentissage sera facilité lorsqu’il y a une motivation pour le réaliser. Ceci devient particulièrement essentiel lorsque l’apprentissage comporte un défi pour la personne. Vous pouvez donc réfléchir avec votre enfant aux avantages de maitriser une certaine activité motrice. Plus l’enfant est jeune, plus le motif devra être concret et immédiat. Par exemple, il sera plus stimulant pour l’enfant d’apprendre le tricycle afin de pouvoir pédaler jusqu’au dépanneur pour acheter des bonbons que pour avoir la chance de participer aux randonnées à bicyclette en famille.
Transformez l’objectif de l’activité
Utilisez l’imaginaire pour présenter le motif de l’activité. Par exemple, plutôt que de pratiquer à nager, il s’agira plutôt de lui expliquer que l’eau active les pouvoirs des superhéros.
Concrétisez les objectifs à atteindre, présentez le juste défi, validez les succès et renforcez les progrès
Il est une valeur sure lorsqu’il s’agit d’apprentissage de présenter le juste défi. La façon d’y arriver est de fragmenter l’activité en petites étapes et de les présenter une seule à la fois en sélectionnant d’abord des composantes facilement réalisables afin d’assurer le succès. Par exemple, dites à votre enfant que la première chose que les grands joueurs de ballon apprennent est de regarder le ballon. Placez-vous ensuite à côté de lui et faites rouler le ballon en l’éloignant de votre enfant pour ne pas qu’il soit tenté ou ressente que vous aimeriez plutôt qu’il attrape le ballon. Demandez-lui ensuite s’il a bien regardé le ballon et félicitez-le d’avoir réussi son défi. L’enfant sera davantage porté à persévérer s’il peut apprécier la valeur de ses progrès à chaque séance de pratique. Certains enfants amateurs de jeux vidéos répondent bien à la notion de niveaux : « Le premier niveau est de regarder le ballon et ensuite tu peux passer au deuxième niveau dans lequel tu dois attraper un ballon transporté au ralenti vers toi. »
Participez aux apprentissages
Utilisez le tour de rôle dans vos pratiques. Toujours dans l’exemple précédent du ballon, demandez-lui ensuite de faire rouler le ballon pour vous. Évidemment, vous ne devez pas toujours réussir. Laissez ainsi à votre enfant l’opportunité de comparer ses habiletés aux vôtres et de vous aider à maitriser l’habileté en question. Alors que mon garçon de 5 ans démontrait un peu de découragement et un désintérêt face à mes efforts visant à lui enseigner le vélo à deux roues, j’ai joué le tout pour le tout en lui empruntant son vélo et en effectuant une chute (l’apprentissage était sur une pente gazonnée). C’est ce qui a fonctionné pour lui. Il a pris un plaisir fou à me récapituler tous mes enseignements et à me démontrer ce que je devais faire pour réussir… jusqu’à le réussir lui-même.
Pratiquez des habiletés plutôt que l’activité
Je m’explique. Lorsque l’enfant présente réellement des fragilités sur le plan du développement moteur, il peut être gagnant de mettre temporairement de côté la pratique d’une activité sportive en soi afin de ne pas décourager l’enfant ni favoriser la création d’une mauvaise association entre cette activité et le sentiment d’échec que l’enfant tente d’éviter. Ainsi, plutôt que de pratiquer le patin, on peut inventer des jeux qui travaillent l’équilibre et ce, toujours en prenant soin de sélectionner des jeux adaptés aux capacités de l’enfant afin d’assurer le succès et la progression.
En espérant que vous pourrez retirer quelques trucs utiles de mon sac à outils!
Josiane Caron Santha
Ergothérapeute