Il faut dire qu’ayant déjà vécu plusieurs événements particuliers et difficiles dans ma vie, je le prenais un peu personnel. En réalité, cela n’arrivait pas à moi mais bel et bien à mon fils. Aucune réponse ne saurait répondre à cette question. Pour soulager certaines personnes qui vivraient les mêmes choses, je voudrais répondre tout simplement que c’est une épreuve extrêmement difficile à vivre mais qui est là pour nous faire évoluer. Je me rends compte encore plus de ce qui compte réellement dans la vie.
Avant, je croyais être une jeune femme ouverte d’esprit et ouverte aux différences des autres. Je l’étais en quelque sorte mais je le suis encore plus aujourd’hui. Je ne croyais pas avoir de préjugés mais je me suis aperçue du contraire puisque j’ai réalisé que les personnes déficientes me faisaient peur depuis que j’étais toute petite. Pourquoi? Car une personne importante de mon entourage en avait peur et m’avait mis ça dans la tête. Tout est dans l’éducation selon moi et j’espère qu’un jour les gens en parleront afin que ce sujet ne soit pas « tabou » en quelque sorte. C’est difficile je crois, de vivre avec une différence, mais nous sommes tous plus ou moins différents les uns des autres mais ce qui nous unit c’est l’amour et les autres vraies valeurs de la vie.
Se sentir exclue
Pour l’instant, je garde encore cela pour moi car quand j’en parle, j’ai droit à des réactions plus étranges que réconfortantes. Des regards, surtout, qui en disent long. On est un peu mis à part, dans un petit coin, par la société en général. En tout cas, c’est comme ça que je me sens. Et je n’ai pas le goût que mon enfant sente que ce n’est pas bien d’être différent. C’est un enfant sensible et il adore le contact avec les autres.
L’an prochain, je le vois entrer à l’école et cela sera pour moi une grande étape qui me fait très peur. Être avec des gens qui ne le connaissent pas, qui ne sont pas habitués à lui, qui n’ont pas appris à l’aimer et à l’apprécier avant d’apprendre qu’il est déficient. Mais je crois que les enfants pourront comprendre et bien s’adapter, mais cela dépend réellement de l’éducation qu’ils recevront par rapport aux différences de chacun. Si l’exemple leur est montré qu’il faut agir de la même façon avec les gens qui sont différents au lieu de les ignorer ou être méchants avec eux, je crois que tout est possible. Dans le fond, l’enfant réagit de la même façon qu’il apprend à réagir. C’est certain que dans une famille où un enfant est différent, la compréhension est beaucoup plus présente que dans une famille n’ayant jamais connu une personne avec une différence aussi marquée.
Mon enfant est habitué avec les enfants qui le côtoient depuis qu’il est tout petit. Les enfants l’acceptent tel qu’il est. Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’à cet âge les enfants n’ont pas de préjugés. Mais, je vois les préjugés arriver lorsqu’un enfant plus vieux arrive chez moi et le regarde du coin de l’œil, ne veut pas que mon enfant s’approche de lui, etc. Pourtant, il n’est pas dangereux. C’est ça le plus difficile, le regard des autres sur son enfant.
Il y a des jours où je me trouve chanceuse de vivre une telle expérience de vie. Par contre, j’ai encore un million de choses à apprendre et à comprendre. Les réaliser et les mettre en pratique sont deux choses différentes. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de vivre ces étapes, mais seulement des façons que l’on se donne pour passer à travers ces épreuves. J’ai trouvé ça très difficile et, pour être franche, je trouve ça encore difficile d’en parler aujourd’hui. En tant que parents, les pires événements sont ceux qui arrivent à nos enfants. Nous nous sentons impuissants.
Je voudrais tellement que mon enfant ne souffre pas d’être différent. Je ferai tout mon possible pour qu’il soit heureux et se sente aimé.
Une maman
Région Centre-du-Québec