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Mon enfant ne s'adapte pas à la garderie

Bonjour,

 

J'ai un problème avec ma fille de 12 mois qui semble avoir des difficultés d'adaptation à la garderie. C'est un service de garde en milieu familial et mon fils de 3 ans fréquente cette même garderie. La dame a 5 enfants dans son groupe. Mon fils fréquente cette garderie depuis qu'il a 8 mois.

 

Ma fille est entrée en août, à 10 mois (née en octobre). La dame me demandait une entrée progressive, mais comme j'ai dû reprendre le travail plus tôt que prévu et que son frère était déjà là, j'ai pensé que ce n'était pas nécessaire et, de toute façon, je ne pouvais pas. Elle a donc commencé à fréquenter la garderie à raison de 5 jours par semaine.

 

La dame me disait qu'elle pleurait toute la journée et que c'était très difficile. Elle dit que ma fille est un bébé à bras. En fait, elle a un retard moteur. Par terre, elle ne fait que pleurer, elle n'était pas capable de rester assise (elle reste assise maintenant depuis 3 semaines).

 

Le problème majeur est que, présentement, elle ne veut pas manger du tout à l'heure du dîner à la garderie. Elle mange seulement lorsque les autres enfants sont couchés.

 

Selon ma gardienne, la petite supporte mal le bruit de la garderie. Elle pleure souvent quand les enfants jouent près d'elle, elle doit la mettre dans une pièce qui communique, à part, sinon elle ne fait que pleurer. Elle doit encore la bercer pour l'endormir, sinon elle ne dort pas.

 

En ce moment, la gardienne fait manger les autres enfants, elle les couche et ensuite seulement, elle fait manger ma fille, la berce et la couche. Ça allait bien comme ca, mais là, elle refuse de continuer, elle dit qu'elle ne peut pas gérer ses journées comme ça.

 

Je refuse qu'elle force la petite à manger sur l'heure du dîner, qu'elle la force à adopter cette routine, car ma fille a eu des problèmes de diarrhée et elle a perdu du poids. On doit la faire manger. J'ai un rendez-vous en janvier pour revoir son médecin et sa gardienne dit qu'elle n'endurera pas la situation actuelle jusqu'en janvier.

 

Je suis découragée, je ne sais pas quoi faire. Chez moi, elle mange bien.

 

Selon la dame qui s'en occupe, ma fille aurait des problèmes d'adaptation, peut-être dû à ses retards (12 mois, elle ne parle pas, elle a les jambes molles, ne se tient pas debout, ne marche pas à quatre pattes. Elle est soit assise, soit sur le dos. Elle n'est pas capable de passer du dos au ventre ou de s'asseoir seule, alors elle pleure pour qu'on l'aide.)

 

Elle est en attente pour voir un ergothérapeute. Elle pense qu'elle a peur des autres enfants parce qu'il arrive que mon gars lui fasse mal. Il veut jouer avec elle. Il la pousse et elle tombe ou il lui lance des jouets pour jouer.

 

Elle m'a dit de vous écrire et de mentionner que mon fils a aussi des retards. Il a 3 ans et il ne parle pas. Il est suivi en ergo et en ortho depuis 1 mois. De son côté, il n'a pas eu de misère à s'adapter à la garderie, il aime beaucoup ça et demande souvent sa gardienne. Pourquoi ma fille aurait de la misère? Elle a son frère avec elle en plus.

 

Alors est-ce possible que ma fille ne s'adapte pas?


Que peut-on faire pour qu'elle suive les journées et qu'elle mange?

 

Merci,


Cattie

 


 

 

Bonjour Cattie, 

 

L'entrée en garderie est une grande transition, tant pour les parents, que pour l'enfant. Il est certain qu'il est tout un défi pour votre petite cocotte de s'adapter à un si grand changement dans son quotidien. Il faut bien sûr rester confiant que votre fille y arrivera éventuellement.

 

En vous lisant, je décèle que votre fille semble devenir facilement surstimulée. Certains enfants sont très sensibles à leur environnement et peuvent devenir rapidement surchargés. Lorsqu'ils sont dans cet état, il est d'autant plus difficile pour eux de comprendre et gérer les sensations qui se présentent à eux; c'est un cercle vicieux.

 

Permettez-moi de vous donner un peu d'information sur ce sujet.

 

Les sens permettent à une personne d'entrer en contact avec son corps et avec son environnement. Dans un premier temps, il y a de l'information qui provient des muscles et des articulations de la personne qui a pour but de permettre à la personne de ressentir où se situe son corps dans l'espace (ceci s'appelle la proprioception). 

 

Il y a aussi un autre système qui contribue à spécifier la position du corps dans l'espace, particulièrement en le situant par rapport à la gravité et en donnant de l'information sur la direction et la vitesse de mouvement du corps (ceci s'appelle le système vestibulaire, il est situé dans l'oreille interne).

 

Ce sont ces deux systèmes qui sont à la base du développement sensori-moteur de l'enfant (rouler, s'asseoir, marcher, etc.) Lorsque l'enfant n'est pas bien conscient de son corps, il vit souvent de l'insécurité et présentera souvent des difficultés dans son développement moteur. Se trouver dans les bras de l'adulte est alors très sécurisant pour l'enfant qui peut alors mieux définir son corps par la pression des bras de l'adulte sur celui-ci. Cette position est également réconfortante pour l'enfant au plan purement affectif.

 

Dans un deuxième temps, il y a aussi beaucoup d'information qui provient de l'environnement. C'est ce que nos sens de la vision, de l'audition, de l'olfaction, de la gustation et du toucher permettent de décoder.  Il y a tout un travail de gestion qui doit être fait par le système nerveux d'une personne pour détecter, filtrer, interpréter et répondre simultanément à l'ensemble des sensations qui se trouvent dans l'environnement. 

 

Revenons à votre petite fille pour un moment. Je crois qu'il faut tenter de comprendre ce qu'elle vit de sa perspective. Au-delà de devoir s'adapter à la séparation avec sa maman, je suspecte que votre fille vive quelques défis sur le plan sensoriel qui pourraient entre autres contribuer à ses retards moteurs mais qui la rendent également beaucoup moins disponible pour gérer la panoplie de sensations qui l'entourent. 

 

Les stimuli visuels des enfants qui bougent autour d'elle et les bruits semblent entre autres difficiles pour elle à gérer.  Avant d'être à l'aise près des autres enfants (très imprévisibles) votre fille devra se sentir plus confortable dans son corps et devenir une meilleure gestionnaire de l'information qui l'entoure.

 

Certains enfants ont des systèmes plus vulnérables qui traitent l'information inoffensive comme des agressions.  On parle alors d'hypersensibilité, au bruit par exemple.

 

 L'alimentation n'est pas prioritaire lorsqu'une personne est en état d'alerte face à son environnement. Votre fille a clairement besoin de calme afin de pouvoir considérer de s'alimenter. Ses pleurs sont bien sûr un reflet de son inconfort qu'il faut respecter.

 

Ceci dit, je crois que votre éducatrice a bien décelé que votre fille fonctionne mieux dans un environnement calme mais il n'est effectivement pas réaliste dans un  milieu de garde d'offrir  à un enfant son propre horaire.

 

Selon l'information que vous me donnez, il semble que votre fille tarde un peu à s'actualiser dans plusieurs sphères de son développement (moteur, langage, régulation). Je crois qu'une évaluation en ergothérapie sera très bénéfique pour mieux comprendre, entre autres,  son profil de gestion sensorielle.

 

S'il y a effectivement des faiblesses à ce niveau, votre ergothérapeute sera bien outillé pour intervenir auprès de votre fille ainsi que soutenir son éducatrice afin de favoriser une intégration positive dans le milieu de garde.

 

En attendant, je vous offre quelques petites pistes d'intervention qui pourront peut-être aider votre éducatrice dans l'immédiat s'il est possible pour elle de faire quelques ajustements.

  1. Dans une pièce à part, bâtir graduellement la tolérance de la fillette à la proximité des autres dans le cadre d'une activité ludique correspondant à ses intérêts en travaillant avec un ami (toujours le même). Choisir de préférence un enfant calme qui joue bien en parallèle et qui parle peu et peu fort. Vous pourrez éventuellement faire la transition du jeu et de cet ami à la table de cuisine.
  2. Faire une courte activité individuelle que la fillette apprécie avant la période du repas (une petite chanson, des caresses, un livre ou autre). Cette activité viendra toujours avant la période du repas afin qu'elle puisse commencer à anticiper son expérience à la table.
  3. Développer une routine stable pour elle à la période des repas. La fillette devrait être installée en premier à la table de cuisine (toujours au même endroit). Les autres amis arrivent graduellement, lentement, un à la fois sans parler (si possible, limiter les bruits de déplacements de chaises).

    Placer la nourriture devant elle, ne pas l'inciter à manger. Si elle ne mange pas encore de manière autonome, il faut tenter de lui offrir des repas qu'elle pourra prendre seule, à son rythme. S'assurer qu'elle est bien stable et bien confinée dans sa chaise haute (on peut placer des couvertures roulées autour de son tronc). Si elle ne mange pas, on peut la nourrir plus tard.

Il faut garder en tête que les stratégies suggérées ci-dessus peuvent être difficiles à implémenter pour votre éducatrice déjà surchargée, soyez compréhensive.  Si les difficultés de votre fille persistent, votre ergothérapeute pourra vous aider à obtenir une subvention pour enfant en milieu de garde avec des besoins particuliers.

 

Cette subvention pourra être utilisée par l'éducatrice pour obtenir du support afin d'accompagner adéquatement votre fille dans son vécu à la garderie.

 

Bonne chance.

 

Josiane Caron Santha
Ergothérapeute


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Auteur

Josiane Caron SanthaJosiane Caron Santha

Diplômée d'une maîtrise en ergothérapie et ergothérapeute depuis 1998, Josiane Caron Santha est propriétaire d'Ergothérapie Les Mille-Pattes, une clinique pour enfants renommée pour ses services en ergothérapie et en autisme. Josiane compte également diverses expériences à titre d'auteure et de formatrice. Elle a récemment publié 'L'apprentissage du découpage chez l'enfant'.



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