Serait-il hyperactif?
Bonjour Stéphanie,
En tant qu’éducatrice en garderie, je vois passer une foule d’enfants. Actuellement, un d’entre eux m’inquiète. Ce dernier bouge beaucoup, fait souvent des crises, se montre impulsif, change de jeux fréquemment, etc.
J’ai l’impression qu’il est hyperactif, mais je ne sais pas comment en parler aux parents sans les froisser ni comment intervenir pour qu’il soit plus calme.
Pouvez-vous m’aider?
Merci,
Martine
Bonjour Martine,
Merci infiniment d’avoir pris le temps de m’écrire et de me faire confiance.
Indicateurs du TDAH
Premièrement, les quelques comportements que vous mentionnez peuvent effectivement être des indicateurs d’hyperactivité. Il y a, entre autres, la faible tolérance à la frustration (ce qui crée des crises fréquentes), une agitation motrice, l’impulsivité et la courte capacité d’attention (ce qui se traduit par un changement fréquent d’activités et crée l’impression que l’enfant papillonne sans jamais vraiment se poser). D’autres indicateurs précoces peuvent être observés chez les enfants durant la petite enfance, dont la difficulté à se détendre (et à faire la sieste), la réactivité à la nouveauté et au changement ainsi que la difficulté à gérer des interactions sociales impliquant plusieurs personnes (enfants et/ou adultes). Cela peut faire en sorte que l’enfant a tendance à se retirer puisqu’il se sent trop stimulé et ce, à la fois au niveau sensoriel et socialement.
Confondre TDAH et autisme
Il arrive même que les manifestations d’autisme et de TDAH (Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité) soient confondues durant la petite enfance. Voilà pourquoi il faut se montrer prudent avant d’émettre des hypothèses diagnostiques. En bas âge, les équipes multidisciplinaires dans les cliniques spécialisées en évaluation peuvent émettre des diagnostics temporaires, par exemple un « retard global de développement » en mentionnant vouloir réévaluer l’enfant lorsqu’il sera plus âgé.
Diagnostiquer le TDAH
En ce qui concerne le TDAH, il est souvent diagnostiqué à l’âge scolaire, vers la deuxième année. Pourquoi? Les exigences académiques et attentionnelles sont plus grandes lors de la scolarisation et celles-ci permettent de mieux d’observer les manifestations de ce trouble neurologique. Par exemple, est-ce que l’enfant est capable de rester assis en classe? Est-ce qu’il est capable d’écouter des consignes consécutives et de les appliquer? A-t-il des difficultés d’apprentissage? Est-ce qu’il est capable de lever la main avant de parler? Est-ce qu’il gigote sur sa chaise? Ces indices permettent aux enseignants de discuter de leurs inquiétudes avec les parents et/ou les professionnels du milieu scolaire puis de les diriger, s’il y a lieu, vers une clinique de développement pour une évaluation en bonne et due forme.
La collaboration parents-éducatrice
Quant à la réalité en milieu de garde, la collaboration avec les parents est tout aussi importante. Il faut ainsi garder en tête que l’objectif principal est le bienêtre de l’enfant. Ainsi, si nous désirons parler de nos observations aux parents, est-ce pour cette raison? Pour s’assurer qu’on réponde adéquatement aux besoins de leur enfant? Pour tenter de voir s’ils observent les mêmes choses à la maison? Pour tenter de s’inspirer de leurs stratégies d’intervention efficaces afin de les mettre en application dans le milieu de garde?
Si la réponse à ces questions est « oui », nous pouvons parler avec les parents. Mais attention! Est-il nécessaire de mentionner tout de go notre hypothèse en termes de diagnostic? Non. Il est préférable de documenter les comportements observés et de les relater lors de notre discussion avec les parents.
Diagnostic ou difficultés d’adaptation?
Encore une fois, durant la période préscolaire, il est très tôt, voire trop tôt pour poser un diagnostic (surtout que ce n’est pas notre mandat de le faire). Mieux vaut faire preuve de prudence et se rappeler que certains comportements peuvent aussi avoir d’autres causes : des difficultés familiales (séparation, déménagement, stress financier, etc.) ou encore des difficultés éprouvées dans le milieu de garde lui-même (changement de groupe, changement d’éducatrice, autres enfants difficiles qui sollicitent notre attention, temps et énergie, etc.).
Donc, en privilégiant le bienêtre de l’enfant, peu importe qu’il y ait présence ou non d’un diagnostic, nous pourrons l’aider à gérer non seulement ses comportements, mais les besoins qui les expliquent et les sous-tendent.
Stéphanie Deslauriers