Question : Comment faire pour aider un enfant avec un retard de langage et de motricité quand les parents ne veulent pas voir que leur enfant est en difficulté d’apprentissage?
J’essaie plein de choses avec lui mais comme je n’ai pas de diagnostic ou d’aide car je suis en milieu privé, je commence à être fatiguée. Il a presque 3 ans mais il réagit comme un enfant d’un an et demi. La seule chose qui m’aide c’est qu’il comprend quelques consignes. Je n’en peux plus d’être la seule à faire des efforts pour cet enfant.
Je comprends parfaitement votre désarroi et votre fatigue par rapport à cet enfant. Travailler avec un enfant en difficulté, que ce soit à n’importe quel niveau, est très difficile. Cet enfant exige chez l’éducatrice un effort et une énergie supplémentaires.
En plus, dans votre cas, vous êtes seule à travailler pour l’enfant puisque vous semblez dire que les parents ne veulent en aucun cas reconnaitre l’existence du problème chez leur enfant. Vous avez besoin d’aide, cela est bien clair. Je vous proposerai plusieurs stratégies à appliquer qui pourront, je l’espère bien, alléger votre quotidien.
Premièrement, il est évident que cet enfant a besoin d’une aide supplémentaire. Tout d’abord, il faudrait selon moi évaluer sommairement à quel niveau de développement cet enfant se situe afin de concevoir des activités qui répondront à son besoin de stimulation.
Vous pouvez utiliser une grille d’observation créée par vous ou différentes grilles disponibles déjà préconçues afin d’évaluer les capacités et les faiblesses de l’enfant. À partir des faiblesses ou des difficultés ressorties, vous pourrez concevoir ou adapter des activités selon les capacités de l’enfant. Aussi longtemps que l’enfant n’aura pas rencontré de professionnel, tel un ergothérapeute ou un orthophoniste, qui pourra établir précisément des objectifs à travailler, je vous conseille de stimuler son développement de façon générale.
De plus, pour faciliter votre quotidien, vous pourriez introduire pour l’enfant une série de pictogrammes selon ses besoins. Vous pourriez, par exemple, afficher à sa vue des images représentant la routine de la journée, les étapes de l’habillement, du brossage des dents, etc. Toutes les situations qui posent problème chez cet enfant pourraient être imagées. L’enfant pourra alors s’y référer afin de suivre le plus possible le rythme du groupe.
De plus, vous pourriez imager les consignes de groupe à suivre : parler doucement, marcher, manger calmement, etc. Imager le plus possible les consignes de manière positive. Pour un enfant en difficulté, les consignes négatives avec des « ne pas » sont très difficiles à comprendre. De façon générale, je crois qu’il serait avantageux pour vous d’établir, par ordre de priorité, les moments ou les occasions où il est plus difficile pour l’enfant de suivre le groupe. Ainsi, vous pourrez établir quel moment vous devriez travailler en premier car il est important de travailler un moment à la fois ou faire un changement à la fois.
Deuxièmement, une autre grosse partie de votre travail dans cette situation consiste à faire prendre conscience aux parents des difficultés de leur enfant. Il m’est déjà arrivé d’approcher un parent concernant les difficultés de son enfant et je sais pertinemment que c’est une tâche très ardue. Je vous conseille de commencer d’abord par une intervention indirecte. Remettre, par exemple, un dépliant ou un feuillet d’information concernant le développement de l’enfant à tous les parents.
Ce feuillet pourrait contenir des éléments qu’un enfant devrait maitriser dépendamment de son âge. Vous pourriez peut-être inclure des éléments qui pourraient être inquiétants s’ils sont observés chez l’enfant. Je dis souvent qu’il est beaucoup plus facile pour un parent d’accepter quelque chose quand celui-ci s’en rend compte par lui-même. Ensuite, vous pourriez observer l’enfant et cibler des faits qui vous outilleront afin d’aborder le parent. Vous pourrez alors aborder le parent avec l’importance d’intervenir le plus rapidement possible pour pallier les difficultés de l’enfant. Faites-lui voir les avantages d’une intervention précoce pour son enfant. L’enfant doit être prêt pour sa future entrée à l’école et la rencontre avec un spécialiste pourrait seulement aider l’enfant.
Le plus important quand on aborde les parents dans cette situation est de respecter leur rythme. Il faut se mettre dans la peau d’un parent. Il n’est pas facile d’accepter que son enfant éprouve des difficultés. Les parents concernés sont probablement encore au stade du déni. Tranquillement, ils devraient accepter la situation et se mobiliser pour trouver une solution. Il faut être patient mais je suis consciente qu’il y a parfois des limites. Si le parent ne finit pas par accepter la situation pour trouver une solution au problème, il faut selon moi avoir recours à des mesures un peu plus sévères.
Parlez-en à votre supérieur et voyez ensemble les mesures qui pourraient être entreprises. Cet enfant a besoin d’aide et ce, très rapidement, il faut agir sans perdre de temps. La Loi sur la protection de la jeunesse fait mention d’une situation de compromission qui fait mention de la négligence sur le plan éducatif. Je vous conseille d’aller visite le site de la protection de la jeunesse afin d’en apprendre davantage. Il est important de s’assurer que cet enfant n’est pas victime de négligence éducative car sinon, il faut intervenir très rapidement.
J’espère fortement que ces conseils sauront vous guider. Votre situation est particulière et je peux facilement comprendre les difficultés vécues quotidiennement avec cet enfant. Je vous souhaite la meilleure des chances.