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Stratégie d'intégration pour un enfant qui a de la difficulté à se mêler aux autres enfants.

Bonjour,

 

J'ai lu quelques messages sur le site educatout ainsi que les réponses que vous avez données concernant les difficultés d'adaptation à la garderie. J'aimerais avoir votre avis concernant la situation vécue par ma fille. Mélianne a trois ans et elle fréquente des garderies en milieu familial depuis l’âge de neuf mois. Elle a fréquenté trois milieux de garde différents en trois ans. 

 

Dans le premier milieu, elle fonctionnait très bien. Elle a eu la chance de commencer sa vie en garderie avec une éducatrice d'expérience. Chez elle, Mélianne était une petite fille enjouée et curieuse, comme à la maison. Elle se mêlait très bien au groupe qui comptait au total neuf enfants pour deux éducatrices. Ensuite, cette éducatrice a dû arrêter de recevoir ma fille; son propre fils a eu un enfant et elle lui a accordé une place en priorité dans sa garderie.  

 

Nous avons alors trouvé un second milieu familial qui a accueilli Mélianne. Toutefois, sur les six enfants présents dans ce milieu, deux étaient les enfants de l'éducatrice et elle vivait un réel problème d'autorité envers ceux-ci. Son fils, en particulier, était très actif et avait un comportement agressif, voire violent envers les autres enfants. Mélianne a fréquenté cette garderie pendant six mois seulement et nous avons noté un changement majeur dans son comportement (elle s’est renfermée sur elle-même, moins de joie de vivre les jours de semaine). Elle allait même jusqu'à mettre ses poupées en punition en leur donnant des tapes et à sacrer lorsque sa tour de blocs tombait (son père et moi ne lui avons jamais donné de tape et nous ne sacrons pas devant les enfants). Elle a pleuré tous les matins où je l'y ai laissée, sans exception. J'étais alors en congé de maternité et, dès que j'ai trouvé une nouvelle garderie pour la date prévue de mon retour au travail, nous avons retiré Mélianne de ce milieu de garde. Elle a donc passé l'été avec sa soeur bébé et moi, à la maison.

 

Depuis les six derniers mois, Mélianne et sa petite soeur fréquentent une nouvelle garderie en milieu familial. Cette nouvelle éducatrice d'expérience est la douceur incarnée. Pendant près d'un mois, Mélianne a réagi fortement en pleurant tous les jours. Puis, un peu avant la période des Fêtes, elle a semblé s'adapter. Elle pleurait beaucoup moins fréquemment. Elle ne jouait toutefois pas beaucoup avec les autres amis; elle jouait plutôt seule dans un coin. Depuis le retour du congé des Fêtes, Mélianne a recommencé à pleurer de façon régulière, mais non constante. Il est donc difficile d'associer ses crises à une raison ou à un évènement en particulier. L'éducatrice doit même l'isoler dans une autre pièce parce qu'elle perturbe l'ensemble du groupe avec ses crises de larmes interminables.

 

En général, c'est une enfant très enthousiaste envers les enfants plus âgés qu'elle et les adultes. Elle a de la difficulté à se mêler aux enfants de son âge et cette garderie compte 3 enfants de 3 ans et 3 enfants âgés entre 16 et 22 mois. Elle semble très avancée au niveau de son développement, nous racontant de longues histoires avec de longues phrases qui ne comportent que quelques erreurs de syntaxe.

 

Je vous écris tout cela parce que son éducatrice ne trouve pas la situation facile du tout et nous aimerions avoir un avis et quelques pistes de solution à essayer avant d'aller consulter plus sérieusement.

 

Merci et bonne journée!

Claudie  

 

Bonjour Claudie,

 

Merci pour votre confiance en mon opinion. Il est certain que pour bien comprendre ce que vit votre fille, plus d’information serait nécessaire. Comme elle ne présentait pas de difficultés d’adaptation lors de sa première expérience en garderie, on peut supposer que son inconfort actuel et son besoin de retrait ne sont pas la résultante d’une problématique sur le plan sensoriel (par exemple de l’hypersensibilité, voir autres articles pour plus d’information). De ma perspective, il serait intéressant de savoir si Mélianne arrive facilement à faire sens de ce qui se passe autour d’elle. Malgré un langage expressif  bien développé, il arrive que la compréhension soit moins avancée et que des explications de l’adulte, trop compliquées pour sa compréhension, ne suffisent pas à la soutenir lorsqu’elle est anxieuse. Aussi, comme tous les enfants, Mélianne fait face au défi de la socialisation qui lui demande notamment de décoder les contextes sociaux. Je m’explique à l’aide d’un exemple. Julie s’approche de Rachel qui joue avec une poupée. Étant un peu réservée, Julie demeure immobile près de Rachel, sans rien dire. Elle s’éloigne et revient à plusieurs reprises pour soudainement se mettre à pleurer parce qu’elle n’a pas su comment demander à son amie de partager. Considérons un instant le point de vue de Rachel qui a peut-être de la difficulté à faire sens des expressions faciales et, par dépit, des intentions de Julie. Ainsi, Rachel ne comprend pas pourquoi Julie fait des allers-retours si près d’elle. Arrivant éventuellement à l’oublier, Rachel continue son jeu sans regarder Julie pour être soudainement surpise/saisie par les pleurs imprévus de Julie dont elle ne comprend pas la raison. Subséquemment, Rachel peut à son tour vivre de l’anxiété et pleurer de façon inconsolable alors que l’éducatrice ne comprend pas comment la rassurer, n’ayant pas eu connaissance de la situation entière.  

 

Certains enfants sont facilement déstabilisés lorsqu’ils ne comprennent pas, dans leur ensemble, les situations dans lesquelles ils se trouvent. Cela limite notamment leur capacité d’anticiper les actions des autres. La préférence pour l’interaction avec les enfants plus vieux ou les adultes peut être un indicateur que l’enfant est plus à l’aise avec les personnes plus prévisibles quant à leur comportement et cohérentes sur le plan langagier. Aussi, les enfants plus vieux et les adultes offrent davantage de support pour guider l’interaction et les jeux lorsque l’imaginaire est un peu plus faible. C’est parfois ce que les enfants recherchent. 

 

Sans en savoir plus, je miserais sur les stratégies suivantes pour soutenir Mélianne dans son adaptation.

 

1) Support visuel pour aider à la compréhension des situations sociales.

En fait, c’est très simple. Il s’agit de prendre le temps de dessiner devant l’enfant différentes situations qu’elle vient de vivre. Par exemple, si un enfant a renversé son jus et perturbé le diner parce qu’il fallait essuyer la nappe, assoyez-vous avec l’enfant après le diner. Dessinez la scène de façon séquentielle, avec des flèches au besoin, en vous assurant de miser sur les causes/effets et l’impact socioémotionnel en portant attention aux expressions faciales.

2) Augmenter la prévisibilité.

Cet aspect est facile à atteindre lorsque le milieu de garde utilise un horaire visuel (avec dessins ou pictogrammes) qui présente la séquence des activités prévues pour la journée.

 

En début de journée, il est agréable pour les enfants de s’assoir en groupe pour regarder ensemble l’horaire et l’utiliser pour visualiser les activités qui occasionnent plus de nouveauté et ainsi anticiper les aspects plus anxiogènes. Pour ce faire, on peut utiliser les sens comme point de départ. Par exemple, l’activité de l’après-midi est un dessin avec les mains dans le pouding. On peut alors discuter des couleurs et des formes qui pourront apparaitre sur le papier pour les yeux, des odeurs pour le nez, des textures pour le toucher/les mains, du bruit des enfants qui s’amusent pour les oreilles et même des gouts, si les enfants souhaitent gouter au pouding!  Si un enfant semble mal à l’aise à l’idée de toucher au pouding, profitez-en pour ajouter qu’ils pourront aussi utiliser de petits pinceaux. Cette petite routine deviendra familière et rassurera les enfants plus inquiets. De nombreux sites Web offrent des pictogrammes gratuits à télécharger.

 

3) Faire des activités visant l’apprentissage des émotions.

Une panoplie de programmes et d’idées d’activités existent pour stimuler le développement de la conscience des émotions. Ils représentent d’excellents apprentissages à viser en milieu de garde. Pour l’enfant, l’objectif est d’abord de reconnaitre ses propres émotions, de les différencier l’une de l’autre et, si elle y arrive, d’éventuellement les quantifier en intensité (petite vs grosse colère). Une fois cela atteint, on pourra faire l’essai en groupe de différentes stratégies de régulation, c’est-à-dire des actions ou des activités qui vont aider l’enfant à transformer une émotion désagréable en émotion plus positive. Par exemple, aidez les enfants à réaliser que le fait d’aller dans un coin calme ou de faire de grandes respirations peut les aider à se sentir mieux. Ensuite, il sera pertinent pour l’enfant d’apprendre à reconnaitre les indices qui représentent diverses émotions chez les autres. Les livres et les jeux de rôle sont de bons médiums pour cette étape.

 

Pictogrammes produits avec le logiciel Boardmaker de Mayer Jonhson www.mayer-johnson.ca/Boardmaker

 

 

4) Procurer un coin calme à l’enfant pour s’isoler lorsqu’elle se sent dépassée.

Une petite tente, un coin derrière un divan ou une garde-robe aménagée feront l’affaire pour autant que l’endroit puisse permettre à l’enfant de prendre une pause des bruits et stimulus visuels qui l’agressent. On peut y laisser petits jouets, toutous, doudous, livres, petits objets musicaux, etc. Dans ce cadre, on permet le retrait et on le favorise en tant que stratégie de régulation plutôt que de le percevoir comme de l’isolement. Il peut cependant être important de structurer la durée de la pause afin que l’enfant sache que la pause doit avoir une fin.

 

En conclusion, les stratégies énoncées ci-dessus sont pertinentes autant pour le milieu de garde que pour la maison. En fait, plus elles seront généralisées, plus elles seront utiles. Je crois qu’il est toujours préférable de consulter un professionnel lorsque le comportement ou le développement d’un enfant préoccupe son entourage considérant que l’intervention précoce est souvent très positive.

 

Je vous souhaite bonne chance dans vos démarches pour soutenir Mélianne.

 

Josiane Caron Santha, ergothérapeute

 


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Auteur

Josiane Caron SanthaJosiane Caron Santha

Diplômée d'une maîtrise en ergothérapie et ergothérapeute depuis 1998, Josiane Caron Santha est propriétaire d'Ergothérapie Les Mille-Pattes, une clinique pour enfants renommée pour ses services en ergothérapie et en autisme. Josiane compte également diverses expériences à titre d'auteure et de formatrice. Elle a récemment publié 'L'apprentissage du découpage chez l'enfant'.



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