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Que penser du « W »?

En tant qu’ergothérapeute, on me questionne souvent lorsqu’un enfant s’assoit au sol avec les jambes placées en « W ». Que faut-il en penser? Faut-il accepter cette posture ou l’enrayer? Quelles sont les conséquences? Voici donc un peu d’information sur la fameuse position « W ».

 

Combien y a-t-il de façons de s’assoir au sol?

 

Savez-vous qu’il y a en fait 8 différentes postures possibles pour s’assoir au sol (Hypes, 2008). La posture « W » n’est que l’une d’entre elles. Les enfants peuvent parfois  passer d’une posture à l’autre. Il y a peu de raisons de s’inquiéter si le temps passé en « W » n’excède pas le temps moyen passé dans les autres postures. En fait, la posture « W » est probablement celle qui, naturellement, est la moins populaire auprès des enfants considérant qu’elle limite les mouvements du tronc et qu’il est plus difficile de s’assoir et de se relever de cette position par rapport aux autres postures.

 

Pourquoi certains enfants s’assoient-ils en « W »?

 

Il va de soi que l’enfant cherche à se sentir confortable et stable pour jouer activement avec ses mains. Si le « W » est la posture qui comble le plus ses besoins, c’est probablement celle qu’il choisira.

 

Faut-il se questionner sur autre chose lorsqu’un enfant s’assoit en « W »?

 

En fait, selon Barbara Hypes, physiothérapeute renommée, il faut nécessairement se questionner lorsqu’un enfant préfère cette posture de façon significative en comparaison avec les autres postures. Ce que l’enfant est en train de nous dire c’est qu’il préfère davantage une posture plus stable, mais aussi plus contraignante qu’une posture lui offrant une plus grande liberté de mouvement dans son tronc. Il faut alors se questionner sur son contrôle postural. Le contrôle postural est le processus inconscient d’activation des muscles du tronc qui vise à ajuster la posture en fonction de la position. Par exemple, si je me penche vers l’avant, je vais graduellement et automatiquement activer les muscles extenseurs de mon tronc pour ne pas tomber vers l’avant. Le contrôle postural dépend d’une variété de facteurs qui mériteront d’être évalués chez l’enfant favorisant la position « W ».

 

De plus, une référence vers un pédiatre ou un médecin orthopédiste peut être appropriée afin de déterminer si une problématique est présente au niveau de l’alignement osseux ou de la stabilité des articulations des hanches (Hypes 2008).

 

Quels sont les impacts lorsque la posture « W » devient la posture préférée?

 

Selon Barbara Hypes (2008) :

 

ATTENTION AUX ARTICULATIONS : Comme cette posture place beaucoup de tension au niveau des ligaments des genoux, elle doit être découragée afin d’éviter de promouvoir de la douleur et de l’instabilité aux genoux et aux hanches dans le futur.

 

ATTENTION À LA FAIBLESSE MUSCULAIRE : Maintenir cette posture plus stable diminue l’effort musculaire requis au niveau des épaules, du tronc et des hanches. À moyen terme, cette musculature aura moins d’opportunités de se développer.

 

ATTENTION AUX RÉACTIONS D’ÉQUILIBRE : Aussi, plus la posture est stable, moins les ajustements posturaux sont nécessaires. À moyen terme, ces réactions ainsi que les réactions plus matures d’équilibre auront moins d’opportunités de se développer.

 

ATTENTION AUX RAIDEURS MUSCULAIRES : La musculature autour des hanches et des cuisses sera portée à compenser ce manque de stabilité en se contractant davantage de façon continue. Cela peut éventuellement mener à une perte d’amplitude des muscles (raccourcissement musculaire).

 

ATTENTION AUX COMPENSATIONS : L’enfant sera porté à développer une variété de patrons de mouvements compensatoires dans d’autres situations motrices.

 

ATTENTION À LA MOTRICITÉ FINE : Tel que déjà mentionné, cette posture est particulièrement restrictive sur le plan de la mobilité du tronc. Les mouvements de côté sont en quelque sorte bloqués, limitant la rotation du tronc et conséquemment les activités à une et deux mains nécessitant un croisement de la ligne médiane. En bout de ligne, cette diminution d’opportunités de croiser la ligne médiane pourra nuire au développement de la dominance manuelle. Pour ces raisons, on peut donc éventuellement s’attendre à des impacts fonctionnels en motricité globale et en motricité fine.

 

Ce que je peux faire pour aider un enfant à moins utiliser le « W »

 

Tous s’entendent pour dire que la manière la plus simple d’enrayer le « W » est de ne jamais laisser l’enfant en prendre l’habitude. Il s’agit donc d’être vigilant et constant quant à décourager cette posture dès ses premières utilisations.

 

On peut aussi jouer à donner des noms aux autres postures et à faire des jeux visant à  les pratiquer pour de courtes périodes. Par exemple, on peut donner des noms de lettres ou d’animaux aux autres postures. Voici des exemples :

     

X              Z              O                P                 I                V                L

 

X   Koala croise ses jambes pour s’accrocher à la branche.

Z   La queue du phoque sur le côté.

O   Les ailes de l’aigle.

P   Une jambe allongée comme le flamant rose.

I    Assis grand comme le cou d’une girafe.

V   Les grandes oreilles du lapin.

L   Le serpent qui grimpe le long d’une branche.

W  Position de la grenouille (à décourager)

 

On peut proposer à l’enfant de s’assoir sur un petit coussin (ou toutou plat) que l’on placera sous le fessier. Cela diminuera un peu l’effort requis au niveau des extenseurs du tronc.

 

On peut placer l’enfant adossé contre le mur lorsqu’on lui demande d’être assis en Indien ou dans une autre posture plus difficile pour lui.

 

Favoriser des activités de courte durée qui alternent entre une position assise et debout lors de la période d’entrainement aux autres postures. Par exemple, jouer aux petits cochons, jeu dans lequel les enfants se lèvent tour à tour pour placer un objet derrière le dos d’un autre ami pour ensuite se rassoir. Une autre activité est le jeu de la posture musicale dans lequel les enfants bougent et dansent jusqu’à ce que la musique s’arrête. Ils doivent alors s’assoir au sol sur un petit tapis ou un endroit désigné dans une posture prédéterminée. Il est possible de graduellement étirer le temps où les enfants doivent rester assis sur leur tapis.

 

Bien sûr, selon les résultats d’une évaluation professionnelle en ergothérapie ou en physiothérapie, des activités et exercices visant à stimuler le développement du contrôle postural pourraient aussi être pertinents.

 

Josiane Caron Santha, ergothérapeute

 

Référence : Hypes, Barbara (2008). Heads Up on Hypotonia : Understanding the Complexities of Hypotonia & Strategies for treatmen t. Clinicians Views.


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Auteur

Josiane Caron SanthaJosiane Caron Santha

Diplômée d'une maîtrise en ergothérapie et ergothérapeute depuis 1998, Josiane Caron Santha est propriétaire d'Ergothérapie Les Mille-Pattes, une clinique pour enfants renommée pour ses services en ergothérapie et en autisme. Josiane compte également diverses expériences à titre d'auteure et de formatrice. Elle a récemment publié 'L'apprentissage du découpage chez l'enfant'.



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