L’enfant autiste au parc : prévenir les risques et favoriser le plaisir

L’enfant autiste au parc : prévenir les risques et favoriser le plaisir

Aller au parc est une activité amusante pour tous les enfants. C’est un lieu de jeu, de découvertes, de socialisation et de défoulement, mais pour un enfant autiste, le parc peut aussi représenter un défi. Entre les stimulations sensorielles, les interactions sociales imprévisibles, les risques de fugue et les difficultés motrices, une sortie demande une attention particulière de la part de l’équipe éducative.

Le danger de fugue : un risque bien réel

La fugue est l’un des risques les plus préoccupants pour les adultes qui s’occupent d’un enfant autiste. De nombreux enfants s’éloignent sans conscience du danger, parfois en silence, et ce, en quelques secondes. Que ce soit par curiosité, besoin d’isolement ou stress, la fugue est une réalité que les éducatrices doivent toujours anticiper.

Pourquoi l’enfant autiste fugue-t-il?

• Surstimulation sensorielle : Un environnement bruyant ou visuellement chargé peut submerger l’enfant, le poussant à fuir pour retrouver un sentiment de calme.
• Manque de conscience du danger : L’enfant peut s’éloigner sans mesurer les risques (route, étang, inconnu).
• Fascination pour un élément extérieur : Un objet brillant, un chien qui passe ou un oiseau qui vole peuvent devenir irrésistibles.
• Routine perturbée : Une sortie imprévue ou un changement de plan peut générer de l’angoisse.

Conseils pour le service de garde

• Assurer une surveillance rapprochée : Désigner une éducatrice par enfant autiste risquant de fuguer peut être nécessaire.
• Prévoir un repérage préalable du parc : Assurez-vous qu’il est clôturé, avec des sorties bien identifiées.
• Utiliser des accessoires de sécurité : Pensez à un bracelet d'identification, une veste colorée…
• Anticiper avec une histoire sociale : Avant la sortie, expliquez le déroulement de celle-ci avec des images ou des pictogrammes pour réduire l’anxiété.
• Créer un code d’urgence clair : Toute l’équipe éducative doit savoir comment réagir rapidement en cas de disparition.

Les balançoires : un plaisir à surveiller

Les balançoires sont très prisées des enfants… mais elles posent des risques spécifiques, surtout pour ceux qui éprouvent des difficultés motrices ou sensorielles, ce qui est fréquent chez les enfants autistes.

Risques associés

• Coordination limitée : L’enfant peut ne pas bien évaluer la trajectoire d’une balançoire et se placer trop près de celle-ci.
• Sensibilité vestibulaire : Certains enfants aiment se balancer très fort et longtemps, d'autres craignent le mouvement et ils peuvent paniquer.
• Posture instable : Un enfant peut glisser ou perdre l’équilibre facilement.

Rôle des éducatrices

• Encadrer l’accès aux balançoires : Organisez les tours pour éviter les collisions et les débordements.
• Choisir l’équipement adapté : Privilégiez les balançoires avec dossier, harnais ou structure « cocon » si un enfant en a besoin.
• Superviser activement : Restez à portée de main pour aider l’enfant à monter, à se balancer en sécurité et à descendre.
• Observer les signes de malaise : Certains enfants ne verbaliseront pas leur inconfort; soyez donc attentives à la posture, au regard ou à l’expression de l’enfant autiste.

Les défis moteurs au parc

Un bon nombre d’enfants autistes présentent une dyspraxie ou des retards moteurs. Monter les structures, glisser, sauter ou courir peut représenter une source de plaisir, mais aussi un danger si un enfant n’a pas encore acquis certaines habiletés.

Obstacles fréquents

• Jeux en hauteur : L’enfant peut ne pas avoir la coordination nécessaire pour grimper ou descendre en sécurité.
• Changements de surface : Le sable, le gazon, le pavé et les pentes peuvent compliquer les déplacements.
• Jeux exigeant de l’équilibre : Les poutres, les filets et les rondins peuvent être frustrants ou risqués.

Interventions éducatives

• Adapter les attentes : Privilégiez des jeux accessibles selon les capacités de l’enfant.
• Encourager l’autonomie progressive : Valorisez les efforts plus que la performance.
• Prévoir des alternatives : Pensez au bac à sable, aux bulles, aux ballons et aux craies pour varier les stimulations sans risques.

Particularités sensorielles : respecter les besoins de chaque enfant

Chaque enfant autiste vit les stimulations différemment. Certains sont en recherche de sensations, d’autres les fuient. Le parc peut devenir un lieu stressant s’il est trop bruyant, trop ensoleillé ou encore rempli d’odeurs et de textures dérangeantes.

Manifestations sensorielles

• Hypersensibilité : L’enfant peut se couvrir les oreilles, refuser de toucher certaines surfaces ou se replier.
• Hyposensibilité : Il peut sauter, tourner ou se balancer de manière répétitive, ou encore avoir besoin de toucher intensément.

Comment soutenir l’enfant

• Préparer une trousse sensorielle de sortie : Celle-ci peut contenir un « fidget », des bouchons d’oreilles, une casquette, des lunettes fumées, un doudou...
• Offrir un coin calme : Repérez un endroit ombragé, à l’écart des structures principales.
• Permettre des pauses sensorielles : Laissez l’enfant s’isoler s’il en ressent le besoin, sans le forcer à participer.

L’importance de la préparation en milieu éducatif

La réussite d’une sortie au parc repose en grande partie sur la préparation. Pour un enfant autiste, visualiser à l’avance le trajet, les jeux et les consignes grâce à une histoire sociale ou une routine visuelle facilite l’anticipation. L’utilisation de pictogrammes avant et pendant la sortie aide à signaler les transitions et les comportements attendus. Offrir des encouragements positifs soutient la participation, peu importe la façon dont elle se présente. Enfin, un bon travail d’équipe entre éducatrices assure une approche cohérente et rassurante pour l’enfant.

Par Jennifer Geigel

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