Pandémie de grippe : la surveillance
L’automne est à nos portes et on annonce haut et fort une augmentation du nombre de cas de grippe, pandémie oblige.
Plusieurs articles sont publiés à toutes les heures du jour et il est étourdissant de voir à quelle vitesse l’information est transmise sur tout le web.
Mais qu’en est-il dans votre service de garde? Avez-vous des cas?
Si je vous demandais, aujourd’hui, quel est le décompte du nombre de cas probables de grippe dans votre installation? Plusieurs ne sauraient quoi me répondre. À chaque fois qu’un service de garde a un problème infectieux et qu’il fait appel à nos services, nous leur demandons invariablement combien d’enfants sont atteints? Ce nombre est-il en augmentation ou en diminution? Dans quel groupe? Etc. Vous vous imaginez bien que la réponse est plutôt évasive…
Eh bien pour être vraiment un ennemi efficace contre le virus de la grippe, il faut le surveiller. Comment puis-je faire puisque je n’ai pas de microscope et de tests? En faisant de l’observation et en notant les résultats sur une feuille.
Plusieurs services de garde (mais trop peu) le font déjà! Certains sont capables de me dire combien de cas de gastro-entérite ils ont répertoriés cette année, combien de cas de fièvre, combien de jours d’exclusion, combien de cas de pédiculose, etc. Excellent, ils peuvent donc, d’une année à l’autre, déterminer leur « score infectieux ».
Nous notons tous les incidents dans un service de garde, mais les incidents infectieux? Non. Par contre en cette période exceptionnelle, où les germes nous conviennent à une bataille particulière, il est opportun de faire une surveillance quotidienne de l’état de santé des enfants. Pourquoi? Pour prendre des décisions basées sur des faits et non sur la peur, les rumeurs, les impressions ou la panique. La panique est inefficace contre les germes et diminue la force de votre système immunitaire. En temps normal, un tableau hebdomadaire est suffisant, mais lorsque la gastro frappe ou durant la pandémie, une surveillance quotidienne est de mise.
Je vous propose donc de faire comme ces rares services de garde et de tenir un registre quotidien de la situation infectieuse dans votre service de garde. Plusieurs façons s’offrent à vous : une simple feuille quadrillée, un tableau fait maison, un calendrier ou procurez-vous les modèles que l’on a faits pour vous.
C’est simple, chaque éducatrice note sur cette feuille l’état de santé de l’enfant à son arrivée et les informations qu’elle a recueillies auprès du parent. Puis vers 8h30-9h00 cette feuille est acheminée à la direction pour un contrôle. C’est la direction qui décidera à ce moment des actions à prendre selon les informations récoltées. Vous me direz que c’est exagéré et que c’est bien trop de travail? Bien sûr, mais je dis souvent lors des formations sur la pandémie que pour une situation exceptionnelle, il nous faut des mesures exceptionnelles…
Pourquoi faire cette surveillance et le décompte des cas puisque la santé publique ne le fait plus?
Premièrement, parce qu’il est plus facile de surveiller moins de 100 enfants (pour la plupart des services de garde) que faire le décompte pour les six millions de Québécois! La détection précoce des enfants infectés permet également de mettre en place des mesures préventives (hygiène et désinfection) et d’isoler les enfants malades, donc contagieux (exclusion). N’oubliez pas que les enfants peuvent être grandement affectés par une grippe! Plus on agit promptement, plus on a de chance de limiter les dégâts! Je fais faire cet exercice lors d’épidémie de gastro-entérite et nous obtenons de très bons résultats.
Pourquoi attendre que la moitié du service de garde soit malade avant de se poser des questions et agir? L’information est la clé du succès contre les germes. La prévention des infections est une science d’action.
Nathalie Thibault B.Sc. M.Sc.
Consultante en prévention des infections
Propriétaire de Germaction