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La socialisation, comment ça se développe et quand faut-il s'inquiéter?

L’enfant est capable très tôt d’interagir avec les personnes de son entourage. La capacité de capter l’information sociale lui permet d’abord de s’attacher aux personnes qui s’occupent de lui, mais lui offre aussi une plateforme d’échange d’information qui sera indispensable à ses apprentissages. C’est également en portant attention à l’autre et à travers ses expériences d’imitation que l’enfant façonnera sa conscience de soi et de l’autre et développera son empathie.

 

Dès ses premières semaines de vie, le poupon porte attention à certaines parties du visage de l’autre, dont les yeux. La préférence pour les stimulus sociaux, plus que pour tout autre stimulus visuel, est déjà évidente. Avant l’anniversaire de son premier mois, l’enfant s’adonne déjà à l’imitation d’expressions faciales. En effet, l’intérêt pour émuler l’autre représente un acquis important du développement social de l’enfant.

 

À partir de 2 mois, le poupon participe activement à des échanges réciproques de regards, de sons et de mouvements. L’enfant démontre effectivement très tôt saisir la distinction des intonations et la présence du lien entre la voix et les expressions du visage. Il aime et jubile devant l’attention que les adultes lui portent, particulièrement s’il s’agit de papa ou maman, des personnes avec lesquelles il déploie un plus grand enthousiasme.

 

Vers 6 mois, la capacité d’attention conjointe s’installe. L’attention conjointe est la capacité d’entrer consciemment dans une expérience de partage d’attention par le regard avec une autre personne en lien avec un évènement ou une chose. Ainsi, l’enfant cherche maintenant à suivre le regard de l’adulte vers les stimulus intéressants. Le développement de l’attention conjointe est très utile, entre autres, au développement du langage. Il sera alors plus facile pour l’enfant d’apprendre le bon mot pour la bonne chose si l’objet de référence est clairement délimité dans cet espace d’attention conjointe.

 

Entre 9-12 mois, l’enfant commence à suivre le doigt de l’autre qui indique un point d’intérêt et, un peu plus tard, il utilisera lui aussi son index de façon dirigée vers une autre personne. Il le fera d’abord pour obtenir un objet convoité, mais éventuellement aussi pour partager une découverte. Avec le temps, l’enfant perfectionne cette capacité ainsi que celle de coordonner son geste et son regard entre l’objet et vers l’autre pour s’assurer de la réception de son message. Avec l’expérience, il apprendra à diriger d’abord son regard vers la personne afin de s’assurer de son attention avant même d’indiquer quelque chose du doigt.

 

C’est vers 1 an que s’installe davantage la réciprocité quant à la réponse socioémotionnelle. Si on lui sourit, il sourira certainement en retour; si on se fâche devant lui, il deviendra rapidement perplexe et pourra même pleurer. Maintenant plus habile sur le plan moteur, il est maintenant un adepte imitateur de gestes et d’actions. En effet, il peut maintenant apprendre par démonstration et refaire en différé des actions qu’il a observées plus tôt chez une autre personne, incluant un autre enfant.

 

Vers 2 ans, l’enfant recherche davantage l’attention des personnes significatives pour combler ses besoins affectifs et offre maintenant aussi plus souvent de l’affection spontanément. Il devient plus indépendant et, du même coup, accepte enfin mieux de se séparer de ses parents. À cet âge, l’enfant tolère la présence des autres enfants si ceux-ci n’interfèrent pas trop avec son jeu ou matériel. Son décodage de l’autre s’améliore et l’enfant peut commencer à changer sa façon d’agir en fonction des expressions qu’il décode sur le visage de l’autre. Par exemple, il changera parfois d’avis alors qu’il s’apprête à subtiliser un biscuit dans l’assiette de l’autre après avoir noté la désapprobation sur le visage de l’adulte. 

 

Vers 3 ans, l’enfant apprécie plus la compagnie d’autres enfants. Il peut partager et attendre son  tour. Il a aussi le désir de faire les gestes et habitudes sociales propres à sa culture ou à sa famille (prière, byebye, etc.), même s’il n’en comprend pas la signification.

 

Vers 4 ans, la compréhension de la perspective de l’autre se consolide et devient plus fonctionnelle, c'est-à-dire que l’enfant peut commencer à tenir compte du fait que les pensées de l’autre peuvent différer des siennes. Cela lui permet maintenant d’argumenter avec l’autre ou de le manipuler par ses paroles ou actions; il est alors conscient qu’il peut avoir un impact et changer les pensées de l’autre en sa faveur. Son intérêt pour et sa compréhension de l’autre deviennent évidents tout autant dans ses schèmes de questions que dans les scénarios imaginaires qu’il crée. À cet âge, l’enfant est capable d’amitié et peut démontrer sa préférence pour jouer avec certains enfants en particulier.

 

Maintenant un être social, il raffinera au cours des prochaines années ses habiletés sociales (politesse, etc.) en fonction des modèles qui sont disponibles à lui.

 

QUAND S’INQUIÉTER?

 

Les capacités reliées à l’interaction se développent naturellement et n’ont habituellement pas besoin d’être stimulées. Il est important de retenir que le développement du langage verbal complète et soutient la socialisation, mais n’en dépend pas. L’enfant qui se développe avec un trouble de la parole compense normalement l’absence du langage en misant sur la communication non verbale pour entrer en interaction avec l’autre. Il est prudent de consulter un professionnel lorsque des soupçons de retards du développement de l’interaction sociale préoccupent l’entourage d’un enfant.

                                                                                   

LES DRAPEAUX ROUGES (à 2 ans)

  • Bébé, pleurait peu pour communiquer ses besoins ou pleurait excessivement sans être consolé par ses proches.
  • Recherche peu, soutient peu et suit peu le contact visuel de l’adulte.  
  • N’est pas porté à se retourner vers la voix qui lui parle ou l’interpelle par son nom.
  • Différencie peu sa façon d’être entre les personnes connues et les étrangers.
  • N’indique pas du doigt ou le fait surtout avec l’objectif d’obtenir un objet désiré.  
  • A peu d’intérêt pour imiter les gestes, les sons ou les actions de l’adulte.

QUELQUES IDÉES POUR PROMOUVOIR L’INTERACTION SOCIALE

    • Principes généraux : Les intérêts de l’enfant sont des portes d’entrée parfaites pour stimuler l’attention conjointe. On veut trouver des jeux dans lesquels le plaisir est dépendant de la présence de l’autre. Jouer dans un environnement plus petit et peu encombré pour diminuer la compétition des stimulus sur le plan visuel est aussi une bonne stratégie.
    • Les chansons sont un bon moyen de commencer. L’adulte chante et l’enfant poursuit là où l’adulte a cessé. Éventuellement, viser à faire des tours de rôle : l’adulte chante un bout, l’enfant un autre bout, ensuite l’adulte, etc. On peut choisir une chanson dans laquelle on regarde ou indique des objets ou des parties du corps du doigt. C’est au moment des interruptions que l’enfant pourra être porté à chercher le regard de l’adulte en anticipation.
    • À partir d’une chanson connue, on varie l’ordre ou change des énoncés de temps en temps pour stimuler l’enfant à être attentif aux changements et à désirer partager l’humour lié au changement. On peut exagérer les expressions faciales au moment des changements pour accentuer l’aspect ludique de la situation.
    • Dans les jeux moteurs avec l’adulte (jeux de poursuite, de coucou et de chatouilles), on pratique l’anticipation. L’adulte fait faire une pirouette et attend le contact visuel. L’adulte se baisse à la hauteur du visage de l’enfant et attend. Dès qu’il croise son regard, il répète l’action.
    • Se lancer ou se passer un ballon au son de la musique alors que les partenaires de jeu sont en déplacement et doivent se surveiller des yeux. Quand la musique arrête, on s’échange le ballon.
    • L’imitation des sons et des actions de l’enfant par l’adulte ou l’utilisation d’une marionnette pour le faire est un bon moyen d’attirer l’attention de l’enfant sur la réciprocité qui peut exister entre deux partenaires sociaux.
  • Stimuler l’imitation à travers un miroir est parfois une façon indirecte et moins menaçante d’entrer en attention conjointe.

Josiane Caron Santha, ergothérapeute

 

Références

  1. Case-Smith, J. (2001).  Occupational Therapy for Children. Chapitre 14, Psychosocial and emotional domain.
  2. Rogé, B. Autisme, comprendre et agir. Santé, éducation, insertion. 2e édition, Édition Dunod, 227 pages, 2008.  
  3. Walden, T. A. et Hurley, J.J.  (2006) Social and Communication Development in Autism Spectrum Disorders, Early Identification, Diagnosis and Intervention. Chapitre 10 : A developmental approach to understanding atypical development. Guilford Press.
  4. Josiane Caron Santha, erg expérience clinique.

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Auteur

Josiane Caron SanthaJosiane Caron Santha

Diplômée d'une maîtrise en ergothérapie et ergothérapeute depuis 1998, Josiane Caron Santha est propriétaire d'Ergothérapie Les Mille-Pattes, une clinique pour enfants renommée pour ses services en ergothérapie et en autisme. Josiane compte également diverses expériences à titre d'auteure et de formatrice. Elle a récemment publié 'L'apprentissage du découpage chez l'enfant'.



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