L’intégration à la pouponnière
Le mois de septembre est un mois qui demande une adaptation toute spéciale aux éducatrices de la pouponnière, car le mois de septembre rime avec la rentrée et implique l’intégration de nouveaux poupons.
Cette étape est cruciale pour pouvoir créer des liens significatifs avec les nouveaux bébés arrivés dans votre groupe. C’est une période qui demande temps, patience et énergie. C’est une étape pendant laquelle vous devez prendre le temps pour pouvoir développer ce lien si important qui sera gage de réussite pour la relation à venir avec vos poupons.
Pour pouvoir créer une relation de confiance avec vos poupons, il faudra avant toute chose que vous établissiez une bonne relation avec les parents. Celle-ci sera basée sur la confiance ainsi que la communication. Une première rencontre avec les parents sera importante pour faire connaissance avec eux ainsi qu’avec leur enfant. Prenez le temps de vous présenter, parlez de votre expérience, de vos formations, de vos valeurs, de votre fonctionnement avec les poupons, de vos façons d’intervenir. Expliquez en quoi consiste une journée type à la pouponnière. Lors de cette première visite, faites visiter votre local, décrivez les aires de jeu, montrez les pièces utilisées pour les siestes.
Cette première rencontre vous permettra de faire connaissance avec les parents, mais surtout d’en apprendre davantage sur leur enfant et la routine de celui-ci à la maison. Évidemment, vous pouvez demander aux parents de vous fournir par écrit une journée type de leur enfant à la maison : sa routine, ses siestes, ses repas et collations, les biberons. Ayez une description précise et détaillée de cette routine afin que vous puissiez par la suite répondre le plus adéquatement possible aux besoins du poupon. Il est important de connaitre les différentes habitudes du poupon :
- De quelle façon boit-il? Seul ou avec aide? Quelle température de lait préfère-t-il? Quel type de lait consomme-t-il?
- Mange-t-il la même nourriture que la famille? Mange-t-il seul, avec aide, en petits morceaux? Pratique-t-il la DME, c’est-à-dire l’alimentation autonome?
- A-t-il des allergies ou intolérances?
- A-t-il un objet significatif qui le sécurise tel qu’une suce, un doudou, un toutou?
- De quelle façon s’endort-il à la maison : avec aide, sur le dos, sur le ventre, en étant bercé, etc.?
- Qu’est-ce qui attire son attention? Quels sont ses jouets et activités préférés?
- Comment est son tempérament? Comment réagit-il devant certaines situations?
- Quel est son état de santé en général?
- Y a-t-il d’autres particularités?
Bref, plus vous en saurez sur le poupon et ses habitudes, plus vous serez habile pour l’aider dans cette intégration à son nouveau milieu.
Pour donner suite à cette rencontre, il est important d’établir un horaire avec les parents pour faire une intégration progressive. Selon mon expérience, l’intégration progressive demeure la clé du succès pour arriver à créer une relation de confiance avec l’enfant. Avec les parents, établir un plan pour une intégration qui, au départ, inclura l’un des deux parents pour de courtes visites au SDG avec leur enfant. Par exemple, une première visite d’environ une heure avec le parent vous permettra de voir de quelle façon l’enfant réagit. S’éloigne-t-il de son parent pour aller explorer? Semble-t-il craintif? Avec ces indices, vous pourrez planifier de quelle façon procéder pour la suite de l’intégration. Souvent, je planifie environ trois visites impliquant le parent avec son enfant. Par la suite, le parent me laisse son enfant pour de courtes périodes, d’une durée d’environ une heure pour commencer. Lorsque la période d’une heure se passe bien, je prolonge alors la présence de l’enfant d’une heure de plus à la fois avant d’ajouter le diner, la sieste et ainsi de suite pour en venir à garder l’enfant au SDG une journée complète.
À retenir pour une intégration réussie :
- Le parent doit toujours avertir son enfant lorsqu’il quitte le SDG, même si celui-ci pleure. De cette façon, le poupon fera confiance à son parent et retrouvera tous les jours la même routine, donc une certaine stabilité.
- Offrez à l’enfant un objet familier qui pourra le sécuriser.
- Suivez le rythme de chacun de vos poupons. Pour certains, l’intégration se fera facilement alors que pour d’autres, vous devrez vous armer de patience.
- Il est important que vous échangiez matin et soir avec les parents.
- Soyez à l’écoute des parents, laissez-les vous téléphoner s’ils en ressentent le besoin.
- Informez les parents que différentes réactions pourront survenir à la maison durant l’intégration : enfant qui dort moins, perte d’appétit, enfant qui pleure dès que le parent s’éloigne, etc.
Pour terminer, voici une description des étapes du processus d’adaptation des poupons en SDG.
Étapes
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Durée
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Émotions et comportements
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Découverte de la nouveauté
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3 à 5 jours
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Curiosité, excitation, amusement.
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Choc de la réalité
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5 à 10 jours
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Désenchantement, négation, agressivité, opposition, isolement, retrait.
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Peur de l’abandon
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5 à 15 jours
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Tristesse, anxiété, inquiétude, pleurs, refus de dormir ou excès de sommeil et de nourriture, régression.
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Acceptation
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À partir du 15e jour environ
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Confiance, rires, amusement, participation, socialisation.
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Tableau tiré de l’ouvrage Le bébé en services éducatifs 2009
Sachez que ces étapes peuvent varier d’un poupon à un autre et pourront être vécues de différentes façons par chacun.
Votre patience, votre tolérance, votre douceur et votre compréhension feront en sorte de faciliter cette adaptation.
C’est en travaillant conjointement avec les parents que vous obtiendrez des résultats et aiderez ainsi vos poupons à traverser cette étape qu’est l’intégration.
Je vous souhaite une bonne rentrée!
Isabelle Rainville