Le temps des Fêtes et ses instants de festivité arrive à grands pas. Je vous souhaite un joyeux Noël et une très belle nouvelle année!
Je choisis ce temps de l'année pour aborder un sujet particulièrement près de vous durant ce temps : le baiser.
Avez-vous déjà pensé au nombre de baisers que vous donnez durant le temps des Fêtes? Il y a aussi les sortes de baisers. Entre autres, le baiser sympathique, le baiser authentique, le baiser de politesse, le baiser obligé, le baiser dégoûtant, le baiser dont on voudrait se passer et le baiser qui nous fait sincèrement plaisir d'offrir et de recevoir.
Quand vous étiez petit, on vous a présenté le grand livre de la bienséance. À l'intérieur, plusieurs sujets s'y retrouvaient : le langage, l'importance du respect des personnes âgées, l'art de savoir manger, celui de savoir boire, le vouvoiement et évidemment l'abc de la politesse.
Sous le sceau de la politesse, on vous a appris qu'il était de mise d'embrasser les gens qui arrivent à la maison ou qui en repartent. On vous a dit aussi qu'avant d'aller vous coucher, vous deviez embrasser tous les convives présents, etc.
Évidemment, il y avait des fois où vraiment, vous aviez un grand plaisir à faire le tour de la table pour embrasser tous les amis. Il y a d'autres fois, par contre, où vous auriez facilement passé votre tour.
Mais, au risque de blesser, de passer pour un enfant sauvage ou de faire de la peine à quelqu'un, on vous ordonnait d'embrasser les gens. Vous êtes-vous déjà fait dire : « Allé, allé cesse de faire à ta tête et va embrasser grand-maman et grand-papa. Ils vont être tristes si tu ne leur donnes pas un bec avant de te coucher. » ou bien « On s'en va, va donner tes becs »? Il y a des fois où vous étiez ravi de faire la distribution des bisous. Vous aimiez ces gens, vous étiez proche d'eux, vous aviez le goût de ces rapprochements.
D'autres fois, souvent avec ces mêmes gens, vous n'aviez pas le goût. Et là, les choses se corsaient. On ne vous reconnaissait pas le droit d'avoir le choix d'embrasser ou pas. Pourtant, ce n'est pas parce que vous n'aimiez pas ces gens que vous ne vouliez pas les embrasser. C'est tout simplement parce que vous n'étiez pas dans cet état-là. Dans la liste des personnes qu'on vous demandait d'embrasser, il y avait souvent les gens formant votre famille, les amis de vos parents, les gens que vous voyiez parfois même pour la première fois, mais il fallait faire belle impression... Il y avait peut-être aussi ces oncles à la main baladeuse, ces tantes trop collantes ou ces lèvres trop mouillées. Bref, l'instant d'un baiser pouvait être synonyme de plaisir et aussi de dégoût et de soumission.
Par habitude et par convention sociale, on en vient à obéir, à se soumettre à la norme, à la règle. Et aujourd'hui encore, quand vient le temps des Fêtes, et particulièrement pour la nouvelle année, vous vous soumettez à la coutume qui dit que vous devez embrasser et souhaiter la bonne année à tous les gens présents à la fête. En avez-vous le goût? Si oui, c'est fantastique! Sinon, vous permettez-vous, maintenant que vous êtes grand, d'embrasser les gens que vous choisissez? Vous vous en donnerez-vous le droit alors que, dans le passé, on vous l'a refusé? Subirez-vous encore la pression de cette convention sociale?
Et vos enfants, est-ce que vous voulez leur léguer cette convention?
Ceci me fait penser à cette jeune fille qui m'avait confié qu'elle détestait le jour de l'An, car elle était obligée d'embrasser tout le monde, y compris son grand-père. Son grand-père qui, en d'autres temps, s'était permis d'avoir la main baladeuse. Depuis, elle avait été capable d'éviter de se retrouver seule près de lui. Néanmoins, le jour de l'An l'obligeait à vivre une proximité qu'elle ne souhaitait pas.
Ceci me fait aussi penser à cet homme qui me confiait que petit enfant, il avait une tante tellement collante qu'il se devait constamment de recevoir ses étreintes passionnées. C'était une femme très chaleureuse. Il se rappelle encore du malaise qu'il éprouvait d'avoir la tête emprisonnée entre ses deux gros seins paralysants. Il l'aimait bien, mais aurait voulu simplement lui serrer la main. Il se sentait prisonnier de son besoin d'affection. Il faisait sa bonne action.
Il y a des jours où vous avez envie d'être très près de vos enfants, des gens que vous aimez. Il y a d'autres jours où, même si vous aimez énormément ces derniers, vous gardez une certaine distance, tout simplement parce que vous êtes ailleurs et ne ressentez pas ce désir de proximité. Vous avez compris qu'il y a mille et une façons de montrer à l'autre son affection, son attachement ou son amour. Dieu merci, tout ceci ne se confine pas uniquement au baiser.
À ce titre, au lieu de dire à l'enfant : « Va donner un bec, on part », il est important de demander à l'enfant : « As-tu le goût de donner un bec sur la joue, un bec soufflé, d'offrir une belle caresse ou tout simplement de dire un beau bonjour avant de partir? ».
Loin d'être banal, ce choix transmet à l'enfant qu'il est l'unique propriétaire de son corps. À ce titre, il se doit de se respecter et de se faire respecter. Sans être impoli, il y a plusieurs façons d'arriver à dire bonjour et au revoir. Il comprend aussi qu'il a le privilège de faire entrer dans son intimité les personnes qu'il veut bien y faire entrer.
L'intimité est à l'épanouissement personnel ce que la fierté est à l'estime de soi.
Sur ce, passez un excellent temps des Fêtes. Qu'il soit rempli d'amour, de rires, de surprises et d'authenticité!
Je vous invite à nous faire parvenir vos commentaires concernant les articles. Ils sont très précieux!
Au plaisir de vous voir ou de vous revoir très bientôt dans l'une ou l'autre de mes formations.
© Sophia Lessard, Sexologue