L'éducation de mes jumeaux
Bonjour Madame,
Je vous écris alors que je suis déboussolée, perdue. Je suis maman de 2 petits garçons de 18 mois (jumeaux monozygotes) qui sont, à ce jour, mes seuls enfants. Je n'ai donc pas de points de comparaison qui me permettraient de relativiser et de vous éviter (surement) de vous répéter!
Depuis quelques semaines, l'éducation des garçons me pose de sérieux problèmes (à mon mari également); ils sont extrêmement colériques, ils sont dans l'opposition et ils ont un comportement asocial dès que nous sommes avec d'autres personnes. De plus, ils veulent taper lors des moments de contrariété.
Par exemple, dès le réveil ce matin encore, l'un de mes garçons a fait une colère monstrueuse pendant plus de 30 minutes et ce, uniquement parce que je l'ai posé par terre après être descendue. J'ai tout essayé : lui expliquer, lui dire de se calmer... rien ne fonctionnait.
J'avoue être parfois tellement démunie que je lève la main sur eux, sachant pourtant très bien que cela n'arrange rien.
Je sais bien que 18 mois est un âge compliqué, mais je me sens vraiment en échec. J'ai honte de leur comportement dès que nous sommes en public, notamment avec nos amis qui ont aussi des enfants environ du même âge qui semblent être tellement plus ouverts, plus à l'écoute des règles.
Nous nous demandons si justement nous n'avons pas été trop « rigides » dans nos règles éducatives, trop dans l'excès par rapport à l'écoute de leurs demandes. Pourtant, nous avons le sentiment d'avoir imposé des règles légitimes... Mon mari me dit que nous aurions peut-être dû leur donner plus de fessées, mais je ne pense pas que ce soit la solution.
Ils sont pourtant tellement mignons et tellement souriants à la maison quand ils le veulent. Malgré cela, les autres, j'en suis certaine, doivent les considérer comme de petits garçons caractériels et jamais souriants.
Quelle attitude dois-je avoir lors de ces colères? Comment les rendre plus ouverts avec les autres adultes?
Merci pour votre future réponse, j'espère y trouver une bouffée d'oxygène et une aide précieuse pour retrouver de la confiance en moi.
Bonjour,
Je suis certaine que vos enfants sont mignons et ce, même aux yeux des autres. Même à cet âge, les enfants sont très charmants tout en ayant des moments d’intensité. Je vous dis cela car le sentiment de honte ou d’incompétence du parent l’empêche souvent de voir clairement comment sont ses enfants.
La colère fait partie de l’être humain et quand les enfants sont en bas âge comme les vôtres, ils sont en apprentissage pour éventuellement réussir à nommer et gérer leur colère. À ce moment, c’est aux parents que revient la tâche de les aider à la nommer (mettre des mots sur ce qu’ils expriment à travers leur comportement) en disant par exemple : « Tu es fâché parce que tu voulais rester dans mes bras… » C’est certain que quand vous perdez le contrôle et que vous utilisez la fessée, vous leur montrez que frapper les autres est permis. En gardant le contrôle sur votre propre colère, vous êtes le meilleur exemple pour eux.
Quand vous dites avoir honte devant les autres, vos enfants doivent voir et sentir que votre réaction est différente que lorsque vous êtes seule avec eux. Cela doit les amener à réagir encore plus. Vous savez, les enfants ont leur tempérament propre à eux et rares sont ceux qui ne font pas de crises à cet âge. Il y a effectivement des enfants plus dociles et moins colériques, mais les crises font partie de leur développement.
Une crise, c’est un moment intense qui ne dure pas, mais qui peut se prolonger si l’enfant a des spectateurs qui le regardent ou encore si vous l’alimentez en lui parlant. L’idéal est de vous éloigner de la vue de l’enfant et de le laisser faire sa crise sans intervenir en lui ayant dit au préalable que vous viendrez le voir quand il sera calmé.
Pour ce qui est de l’ouverture vers les autres, vos enfants sont encore jeunes et en plus, ils sont jumeaux. De fait, ce n’est pas rare de voir des jumeaux être très près l’un de l’autre et donc avoir moins besoin des gens de l’extérieur. Un papa présent auprès d’eux (ou une figure paternelle) favorise une ouverture et un intérêt envers les autres.
Je considère que le fait que vous vous questionnez en tant que parents sur vos actions et vos règles éducatives est un signe d’intelligence émotionnelle. Bravo et continuez dans ce sens…
Si vous voulez pousser le tout plus loin, dans mon livre La famille et les parents d’aujourd’hui,vous trouverez tout un chapitre sur la colère et les crises des enfants.
Nathalie Parent, psychologue