
Conséquences pour un enfant qui n’écoute pas et qui bouge
La vie c’est comme une promenade à vélo, pour garder son équilibre il faut rester en mouvement. Albert Einstein.
En effet, la vie c’est le mouvement. Les enfants sont dans la vie, dans le besoin de bouger, dans l’action. La capacité de réflexion vient seulement avec l’âge et la maturité. Ce n’est pas parce qu’un adulte dit à un enfant de quatre ans d’aller réfléchir qu’il va réellement réfléchir. Ce n’est pas parce qu’il ne veut pas, mais bien parce qu’il n’a pas la capacité d’un adulte.
Plutôt que de punir l’enfant en l’obligeant à rester assis ou en le privant de récréation, faites-le bouger! Dites-lui le plus calmement possible : « Tu pourras jouer avec nous lorsque tu cesseras ton comportement. Si tu continues, je comprendrai que tu préfères jouer sans nous et faire des pompes seul. » En le prévenant de la sorte, vous lui remettez le choix de son action.
Voici d’autres exemples de conséquences actives : faire des tours de la cour à la course, sauter sur place pendant un certain temps, se tenir sur une jambe pendant un laps de temps, monter et descendre l’escalier à quelques reprises, traverser l’échelle du module de jeu, rester assis en équilibre sur un ballon. Imaginez un peu le visage de l’enfant lorsque vous lui donnerez comme conséquence de faire des pompes ou des sauts plutôt que de rester assis. Il sera assurément déstabilisé. Vous aurez peut-être même envie de rire ensemble. Ainsi, vous dédramatiserez la situation.
Lorsqu’un enfant ne réagit pas comme il le devrait avec le groupe et a besoin de bouger, on peut aussi lui offrir du matériel créatif ou symbolique avec lequel il pourra exprimer ce qu’il ressent : papier et crayons, bonshommes, marionnettes, figurines, pâte à modeler, etc. L’agressivité ou toute autre tension présente en lui sera alors exprimée autrement et non envers le groupe. Cela aura un effet calmant sur tous.
Les enfants ont besoin de se détendre et de faire des activités plus calmes, mais certains enfants ont besoin de relaxation plus active. Plutôt que d’être allongé sur le dos tout en se concentrant sur sa respiration, demandez plutôt à l’enfant de faire travailler ses muscles dans un « contracter-relâcher ». Invitez-le à serrer les poings très fort pendant 5 secondes, puis à relâcher... Invitez-le à faire la même chose en tirant les orteils vers la tête, en poussant les talons dans le matelas, en poussant les coudes contre le matelas, en serrant les épaules ensemble, en rentrant le menton vers la poitrine, etc. Tout cela aura pour effet de lui permettre de sentir dans son corps la différence entre être sous tension et être détendu. Vous pouvez faire la même chose avec des exercices de yoga
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Plutôt que d’essayer d’arrêter l’enfant en action en lui disant sans succès : « Arrête et reste assis! », essayez plutôt de composer avec qui il est. Expérimentez une conséquence logique à son agitation, c’est-à-dire une conséquence en lien avec ce qu’il vient de faire ou en le faisant bouger si tel est son besoin. Surtout,cherchez à comprendre le sens de son comportement. Pourquoi cet enfant agit-il ainsi? Qu’est-ce qu’il essaie de vous dire à travers son geste ou son agitation répétés? Quel besoin se cache derrière son besoin d’action? Voici quelques pistes :
- Est-il fatigué?
- Souffre-t-il d’un problème physique?
- Est-il anxieux?
- A-t-il besoin d’attention?
- Est-il simplement plus actif parce qu’il est plus physique et rapide que les autres?
- Vit-il une situation de stress (changement à la maison, arrivée d’un nouveau bébé, changement à la garderie, décès ou maladie d’un proche, déménagement, etc.)?
- A-t-il de la difficulté à canaliser de l’agressivité ou à composer avec celle-ci?
- A-t-il de la difficulté à gérer une autre émotion (tristesse, honte, culpabilité, etc.)?
- A-t-il de la difficulté à se faire comprendre des autres?
- Vit-il une situation familiale particulièrement difficile?
- Vit-il des conflits avec ses amis?
L’enfant ne fait pas exprès de bouger pour déplaire à l’adulte; il vit plutôt le moment présent et recherche inconsciemment la réponse à son besoin ou désir immédiat. En d’autres mots, s’il a besoin d’attention et que la seule façon d’en avoir est de bouger, il bouge. S’il est fatigué et n’a pas le gout de s’endormir pour une raison inconnue, il bouge pour éviter le sommeil. S’il vit une situation stressante dont il est incapable de parler, il s’étourdit dans le mouvement pour éviter d’y penser.
Si vous trouvez la raison de son action, cherchez avec lui des solutions et des conséquences actives, si nécessaire. Sinon, vous pouvez prendre du recul ou consulter un professionnel pour comprendre la situation et éviter qu’elle ne dégénère. Il est également possible que l’enfant tente simplement de vous rappeler qu’il est un enfant tout plein d’énergie… comme la vie l’a conçu. Comme l’a dit Jean-Marc Chaput dans une de ses conférences : « T’en fais pas, à 76 ans, y sautera pu! »
Nathalie Parent
Psychologue, auteure, conférencière et formatrice
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