Les émotions secondaires
Et si une autre émotion se cachait derrière l’émotion primaire?
Les émotions connues et faciles à repérer chez les enfants sont la colère, la joie et la tristesse. Cependant, derrière ces émotions, il y a souvent des émotions secondaires. Celles-ci sont moins visibles, mais tout aussi importantes. Même les adultes peuvent avoir de la difficulté à déceler ces émotions secondaires. Voici un exemple :
Vous entrez dans votre local. Vous aviez prévu de faire une activité musicale avec des feuilles d’automne. L’éducatrice du matin s’empare de vos feuilles et les utilise pour une activité de découpage. Cela ne vous plait pas. Vous faites des mouvements brusques et vous sortez. Votre collègue comprend que vous êtes fâchée.
Derrière cette colère se cache forcément un autre sentiment non visible. Par exemple, cela pourrait être de la déception. Le fait de prendre conscience de cette émotion cachée peut vous aider à mieux exprimer votre ressenti. Vous pourriez alors dire : « Je suis déçue! J’avais prévu de faire une activité musicale et lancer les feuilles en écoutant de la musique contenant des sons de la nature! » Bien entendu, cela ne vous rendra pas vos feuilles, mais le fait d’exprimer le vrai sentiment derrière votre colère vous aidera à mieux communiquer.
Il est très difficile pour les enfants de comprendre les émotions primaires. Imaginez donc les émotions secondaires! Je suis tout de même persuadée que le fait de les nommer tôt avec eux leur permettra de mieux communiquer à l’âge adulte.
Voici un autre exemple :
Deux enfants de 5 ans, Léo et Emma, dessinent ensemble à la table. Les deux dessinent des chats. Emma aime son dessin et le montre aux autres enfants. Léo fait de même. Le dessin de Léo est plus complet; celui de Emma est composé de gribouillis. Les autres enfants disent que le dessin de Léo est plus beau. Emma est triste et elle pleure. Elle prend la feuille de Léo et la déchire en mille morceaux.
Les émotions visibles de Emma sont la tristesse et la colère. L’émotion secondaire que l’on ne voit pas est assurément de la jalousie.
Je pense que c’est important de comprendre l’émotion cachée derrière la colère et surtout, je crois qu'il est avantageux d’apprendre aux enfants à reconnaitre et à nommer les émotions secondaires en grandissant. Vous pouvez, par exemple, dire : « Tu es triste, car les enfants ont préféré le dessin de Léo. Cela s’appelle de la jalousie. On ressent tous ce sentiment à un moment donné. »
Plusieurs autres exemples sont pertinents à nommer :
- Un enfant qui crie (colère) devant un chien qui jappe (la peur).
- Un enfant qui se sent triste devant un enfant qui refuse de jouer avec lui (le rejet).
- Un enfant qui pleure (tristesse) quand il a fait pipi sur son matelas (honte).
Le fait de reformuler les émotions secondaires aidera les enfants à mieux les comprendre et à les exprimer avec le temps.
Quand vous reformulez une émotion, il est judicieux de faire appel à une supposition plutôt qu’une affirmation, car vous ne pourrez jamais être certaine qu’il s’agit bien de l’émotion que l’enfant ressent. Vous pouvez commencer vos reformulations par « Je pense… », « Je perçois… » ou encore « Je crois… »
Chantal Millette
Stimulation du langage
Connexion au Club 
