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Dossier - Sommeil et sieste

Un bébé, ça pleure!
Par Brigitte Langevin - Experte en éducation au sommeil

C’est une vérité que beaucoup de jeunes parents ignorent. À l’hôpital, cela passe encore : l’agitation, les pleurs des autres bébés… on comprend que le sien soit énervé. Mais une fois rentré à la maison et installé au calme dans son rythme, bébé pleure encore. Les pleurs d’un bébé sont souvent stridents, déchirants.  On ne peut rester sans réagir, sans s’inquiéter et il est bien difficile de ne pas finir par s’énerver soi-même, surtout la nuit.

 

Il pleure parce qu’il est triste?  Parce qu’il se sent abandonné? Parce que je suis une mauvaise mère?  Tandis que d’autres parents s’imaginent que leur bébé veule vraiment leur gâcher leur repas!  Pour un adulte pleurer signifie : déverser un trop-plein d’émotions, telle que la tristesse, la joie, la colère, etc… Pourtant si pleurer est généralement perçu par l’adulte comme quelque chose de négatif, c’est tout à fait normal d’avoir une bonne crise de larmes de temps en temps, c’est même excellent pour la santé. Sachez aussi qu’au cours de notre vie, nous remplissons chacun près de trente seaux de larmes!  Toutefois nos raisons de pleurer sont bien différentes de celles des nourrissons et des bébés.  Chez eux, nulle tristesse, nulle manipulation, nul esprit de vengeance.  Ce sont des bébés, ils ne connaissent rien du monde, comparés à nous.  Ils n’ont pas vécu nos expériences.  Pleurer, c’est leur manière de dire : « J’ai faim… j’en ai assez d’être stimulé… J’ai froid… Je suis fatigué… etc. »

 

Il arrive trop souvent que les parents projettent leur problème sur leur bébé. Par exemple cette maman qui ne supporte pas d’entendre le moindre bruit lui parvenant de la chambre du bébé.  Or son bébé s’agite avant de s’endormir. Résultat : la maman se précipite.  « Pauvre bébé chouchou d’amour, tout seul dans sa grande chambre! » soupire-t-elle. « Mais non, tu n’es pas abandonné, tu as eu peur? » Le problème ce n’est pas le bébé, mais sa maman.  Son « pauvre bébé tout seul » doit s’entendre comme « pauvre maman abandonnée ». Son mari en effet travaille beaucoup et elle a du mal à se faire à la solitude.  Voici un autre exemple où c’est papa qui s’inquiète du moindre pleur de son petit bébé de trois semaines.  « Il a de la fièvre? C’est parce qu’il souffre qu’il remonte ses petites jambes comme ça? ». Et de s’écrier, comme si son angoisse n’était pas suffisante « Oh, non, tu ne vas pas nous faire des coliques comme moi! »

 

Attention, vos réflexes personnels risquent d’émousser vos facultés d’observation.  La solitude vous angoisse et vous concluez que votre enfant se sent abandonné?  Vous êtes hypocondriaque et, à la première larme, vous voyez déjà votre enfant sur un lit d’hôpital?  Vous êtes soupe au lait et prêtez à votre bébé un tempérament colérique?  Vous faites de l’insomnie et vous croyez que les pleurs avant de dormir veulent vous dire que votre bébé n’arrivera jamais à s’endormir? Vous vous sentez coupable d‘avoir repris le travail, et de retour à la garderie, vous trouvez votre nourrisson en larmes, vous vous dites qu’il s’est ennuyé de vous? NON! Le remède, c’est de découvrir où se situe vos propres angoisses et, les ayant repérés, de vous interdire de penser que votre enfant subit le même cauchemar chaque fois qu’il pousse un cri.

 

Lorsque votre bébé pleure prenez toujours le temps de vous demander : « Suis-je à l’unisson de mon bébé ou ma réaction est-elle motivée par des émotions qui me sont propres? »

 

Par ailleurs, il faut venir défaire ce mythe que pleurer fera du tort à votre bébé sur le plan psychologique.  J’ai connu des bébés dont les parents, qui prenaient très bien soin de leur bébé, se permettaient, par principe, de les laisser pleurer tout leur saoul.  Puis-je dire de ces bébés qu’ils étaient différents sur les plans mental, psychologique ou émotionnel?  Absolument pas!  N’oublions pas que pleurer est un régulateur émotionnel…pleurer est naturel et vouloir que son enfant ne pleure jamais est impossible car ce serait le déshumaniser. Je ne dis pas de le laisser hurler mais une présence chaleureuse: contact physique et voix douce sans avoir l’enfant dans ses bras est tout à fait réaliste. Une maman m’exprimait : « J’ai toujours endormie ma fille dans sa couchette avec un main sur elle, des caresses, une chanson puis juste en étant assise au sol près de son lit. Le sommeil n’a jamais été une bataille ». Malheureusement, il ne faut pas se fermer les yeux sur les mauvaises habitudes créés et/ou les parents anxieux qui transmettent leur anxiété. Dans ma carrière j’en ai vu des enfants qui n’ont jamais touché le sol, qui dorment dans des bancs d’autos ou qui ne s’alimentent pas eux même à 1 an. Très difficile d’intégrer ces cocos dans les milieux quand l’autonomie n’a pas commencé à la maison.

 

Enfin, il est illusoire de croire qu’un bébé qui doit apprendre à s’endormir seul puisse y arriver sans verser une larme. De même qu’il est faux de croire qu’un bébé qui pleure veule dire mère ou père indigne! Pleurer est bénéfique à l’heure du coucher si bébé a été trop stimulé, cela lui permet de décharger le trop plein de cortisol accumulé et de calmer son système nerveux (le parasympathique) afin de lu permettre de glisser en sommeil, sans trop d’agitation.

BRIGITTE LANGEVIN
Experte en éducation au sommeil

Conférencière, autrice, Brigitte Langevin est spécialisée spécifiquement dans le sommeil des enfants et des adultes. Pionnière dans son domaine depuis plus de 25 ans, sa mission est d’aider à développer (ou de retrouver) de bonnes habitudes de sommeil. Dormir est naturel, quant aux bonnes habitudes, elles se doivent parfois d’être apprises.

Réputée pour son dynamisme, son humour, sa passion et ses capacités de vulgarisatrice en matière de sommeil, Brigitte emploie son expertise pour outiller le personnel de la petite enfance, les parents et les professionnels de la santé de façon concrète et réaliste. Elle veut ainsi les accompagner pour leur démontrer que bien dormir, c’est à la portée de tous! Les nuits (et les siestes) deviennent satisfaisantes et les journées agréables.

Brigitte Langevin est régulièrement invitée à donner des conférences, des formations et à intervenir auprès des organisations désireuses de prendre soin du sommeil des petits et des grands.

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