Bébé découvre le monde blotti contre vous. Malgré l’épreuve qu’il vient de traverser, sa naissance, il vous fait cadeau de son premier regard curieux. Vous parliez de lui depuis neuf mois, vous l’attendiez impatiemment, et le voilà!
LES CARACTÉRISTIQUES DE SON SOMMEIL
Les premiers temps, dormir et se nourrir sont les activités exclusives d’un nouveau-né. Ses pleurs sont essentiellement motivés par la faim, qu’il soit nourri au sein ou au biberon. Un nouveau-né dort beaucoup, en moyenne 18 heures sur 24, mais il existe d’emblée des différences importantes dans la durée. Certains bébés, gros dormeurs, passent près de 20 heures en sommeil, d’autres, petits dormeurs, auront besoin de moins de 16 heures sur 24. Cependant, comme les réveils des premiers jours sont essentiellement agités (il ressent dorénavant la faim), un nouveau-né qui dort peu est souvent un bébé qui pleure beaucoup, situation potentiellement pénible pour les parents.
Les nourrissons diffèrent les uns des autres, cependant, un point fait l’unanimité : ceux qui font leurs nuits sont extrêmement rares. Le nouveau-né ne différencie pas le jour et la nuit. Ses réveils se produisent à n’importe quel moment, il est indifférent à l’environnement lumineux. Il s’endort d’emblée en sommeil agité (sommeil de rêves), ce qui représente 60% du sommeil total et peut atteindre 8 à 10 heures par jour chez le nouveau-né à terme. Ne soyez pas surpris de le voir sourire aux anges, grimacer ou encore émettre quelques sons pendant qu’il dort, c’est en réponse à ce qui se joue dans sa tête : il rêve. Cette phase peut durer de 20 à 30 minutes, suivie d’une phase de sommeil calme. Un cycle complet (sommeil agité/sommeil calme) dure en moyenne 30 à 45 minutes. L’enchaînement de trois ou quatre cycles permet un sommeil de 3 à 4 heures d’affilée. Certaines périodes de sommeil un peu plus longues surviennent au hasard, aussi bien le jour que la nuit.
Les premières semaines de vie pour le nourrisson constituent une période de transition et d’adaptation à sa nouvelle vie. En effet, pendant neuf mois, le bébé a baigné dans un environnement tranquille et serein où chacun de ses besoins était pleinement satisfait. Puis soudain, des changements sans précédent se produisent à sa naissance. Il devient évident qu’il y a tout un équilibre à trouver pour que cette transition vers la vie extra-utérine soit la plus douce possible. Même si le nourrisson est capable d’apprentissage et d’adaptabilité, il a besoin de se sentir en sécurité pour y arriver.
La sécurité chez le nourrisson c’est d’abord la satisfaction de ses besoins fondamentaux : il est rassasié, au sec, reposé et il n’a pas mal. C’est aussi de retrouver à l’occasion les composantes de cette vie utérine : dos arrondi, tête tenue, chaleur, bruits connus d’un cœur contre son oreille et mouvements lents de bercement. Enfin, la sécurité, c’est surtout se sentir en paix. Un tout-petit perçoit les sensations, les désirs et les angoisses de ses proches. Un parent calme façonnera un bébé calme. À la naissance vous (la mère plus particulièrement) et lui ne faites qu’un et c’est pourquoi il se calque instinctivement sur vous et sur vos réactions. Si vous le tenez de façon rude, il se raidira, si vous paraissez alarmée, il le sera lui aussi. Cela veut dire d’éviter l’escalade de l’angoisse, car le bébé ne comprend pas ce qui se passe. Il « sent » si quelque chose ne va pas bien et pleure pour être rassuré. Voilà sans doute pourquoi les bras de grand-mère sont si apaisants.
Être parent, c’est apporter la sécurité à l’enfant, donc comprendre son langage, respecter son développement, ne pas culpabiliser au moindre cri, ne pas se précipiter, affolé au moindre mouvement dans le berceau. Être parent, c’est aussi lui donner le droit de pleurer un peu, sans toujours intervenir. Beaucoup de parents entrent en scène trop vite, pour se rassurer eux-mêmes sur le bon état de leur enfant. Leur propre peur à eux fausse le fonctionnement du tout-petit. Comprendre ce point important est l’une des clés de l’équilibre de l’enfant.
PIÈGE À ÉVITER :
L’IMPRESSION DE RÉVEIL
LORS DU SOMMEIL AGITÉ
Dans les premières semaines de vie, lorsque le bébé est en sommeil agité (sommeil contenant majoritairement des rêves), son visage est particulièrement expressif avec de multiples mimiques. Il ne paraît pas vraiment endormi, mais plutôt traversé de moments de malaise, de douleur et puis aussi de bien-être. Il peut gazouiller, carrément pleurer ou même ouvrir les yeux. Trop de parents interprètent ces expressions comme des signes d’éveil, de souffrance ou encore d’appel. La projection de leurs expériences émotionnelles d’adulte sur des mouvements quasiment réflexes de leur bébé fait intervenir les parents parfois à tort. Pour consoler l’enfant, le rassurer, ils finissent par réellement le réveiller. Résultat : le sommeil calme ne succède plus naturellement au sommeil agité. Ces réveils intempestifs provoqués par l’adulte gênent son repos normal, le fatiguent, mais surtout inculquent au bébé l’habitude de se réveiller après une période de rêves.
Il se crée un véritable cercle vicieux : les parents, bien intentionnés veulent rassurer leur bébé, mais nuisent directement à son sommeil. Il est bien plus néfaste de rompre un rythme de sommeil d’un tout-petit que de le laisser pleurer quelques instants sans le consoler. Il s’agit là d’une des causes des problèmes de sommeil où l’enfant va se réveiller, chaque nuit à toutes les deux heures ou presque, parce que son cerveau aura associé « fin de sommeil agité » (période de rêves) à « réveil ».
STRATÉGIE :
ALTERNANCE ENTRE LE BERCEAU
ET LES BRAS POUR DORMIR
Afin de favoriser la transition entre la vie intra et extra-utérine, il convient de procurer au nouveau-né des moments où il s’endort dans les bras de ses parents et où il pourra y rester toute une période de sommeil, c'est-à-dire à partir de l’endormissement jusqu’à son éveil spontané. Ensuite, une autre fois, il y a lieu de le coucher au moment où il ralentit sa succion pour qu’il apprenne à s’endormir seul dans son lit. L’idéal est de ne pas mélanger les deux scénarios, c'est-à-dire lorsqu’il s’est endormi dans vos bras de le déplacer pour le mettre dans son lit. D’abord parce qu’il risque de s’éveiller, ensuite, parce que le fait de se réveiller dans des conditions et un lieu différent de ceux de l’endormissement est insécurisant. Cela vous est-il déjà arrivé? Même pour un adulte c’est angoissant.
Par ailleurs, le seul moyen pour les deux parents de ne pas sortir épuiser de cette période consiste à pratiquer l’alternance des disponibilités. Le père assume au moins les tétées de nuit du vendredi et du samedi puisqu’il peut possiblement ces jours-là, récupérer par une grasse matinée ou une sieste. Les autres journées peuvent être à la charge de la maman qui récupérera un peu son temps de sommeil lors des siestes de bébé.
Le premier mois ne dure pas toute la vie, rassurez-vous! Déjà vers la quatrième semaine, des changements intéressants se produisent dans la vie du nouveau-né.
Un enfant qui dort bien est joyeux… et ses parents heureux!