Interventions auprès d’un enfant de 16 mois qui manque d'autonomie
Bonjour Maude,
Je ne sais pas si je peux demander conseil via le site educatout, mais voici…
Je suis éducatrice en milieu familial depuis 10 ans et j’ai un petit garçon de 16 mois qui est prématuré de 2 mois dans mon groupe. Il est souvent transporté en porte-bébé, il ne marche pas encore, sa maman n’est pas constante dans ce qu’elle lui dit et elle lui trouve toujours un bobo et ce, même s’il n’en a pas. À la garderie, c’est un enfant assez autonome qui est capable de faire bien des choses, comme venir s’assoir à la table pour le diner ou la collation et jouer avec les amis. Cependant, depuis quelques jours, il ne veut plus venir s’assoir à la table. De plus, il demeure à part si je vais le chercher et quand je change sa couche (par terre), si je ne le rassois pas, il reste couché par terre pendant des heures. Cependant, si je vais l’assoir, il repart jouer comme si de rien n’était. Que faire? C’est la première fois que je vis une situation pareille. Si je ne l’assois pas à la table à la collation ou au diner, il reste là où il est. Il fait la même chose si je ne le débarque pas; il reste assis à la table jusqu’à ce que je le remette par terre. Comment intervenir auprès de cet enfant?
Merci.
Chantal
Bonjour,
Tout d’abord, merci d’avoir pris le temps de nous écrire. Je tenterai, au meilleur de mes connaissances, de vous aider à y voir clair et surtout, à trouver des pistes de solution à expérimenter. Il n’y a jamais (ou presque) de solution magique. Il faut souvent de la persévérance et de la constance dans les interventions. Il est aussi important d’être à l’aise avec les solutions choisies. Si vous vous sentez confiante face à l’utilisation d’une méthode, l’enfant le sentira et votre intervention aura encore plus d’impact.
Ceci dit, je crois que la première étape à réaliser est d’avoir une discussion avec le parent. Probablement que les interventions du parent ont un impact sur le comportement de l’enfant autant que les vôtres peuvent avoir un impact sur ses agissements à la maison. Évaluez la situation avec le parent et tentez de trouver des solutions ensemble. Le but n’est pas de changer le parent pour l’amener à intervenir comme vous ni que vous vous sentiez obligée d’intervenir comme le parent. Le but est seulement d’amener chacun dans la direction de l’autre et de trouver un terrain d’entente avec lequel vous êtes tous les deux à l’aise.
Dans un autre ordre d’idées, je crois qu’à l’intérieur même de votre quotidien, vous pouvez changer quelques manières pour favoriser la mobilisation de l’enfant. Commencez par vous poser les questions suivantes : Est-ce qu’il est capable de faire ce que je lui demande? Est-il capable de s’assoir sur la chaise si je lui demande de le faire? À la lueur de ma lecture, je crois que oui. Si l’enfant n’est pas en mesure de faire ce que vous lui demandez, je crois qu’il est important de l’aider et de lui montrer la façon de faire. Puisqu’ici il est capable de le faire, je crois que vous devez lui laisser tranquillement le plus d’autonomie possible. Je crois que cet enfant a compris que s’il refuse de se joindre au groupe à l’heure de la collation seul, vous irez le chercher. Tranquillement, vous devez lui envoyer le message qu’il devra se rendre à la table seul, car vous n’irez plus le chercher. Je vous conseille donc d’ignorer les comportements pouvant être considérés comme de la recherche d’attention. Lorsque vous lui demandez de se joindre à vous au diner, ignorez-le lorsqu’il ne vient pas. Attendez quelques instants. Il se joindra probablement au groupe un peu plus tard, quand il verra que vous ne le ferez pas pour lui. Je suis bien consciente, en vous proposant ceci, que vous serez peut-être confrontée à un refus de la part de l’enfant, voire des pleurs. Tranquillement, vous verrez une amélioration. Soyez patiente, une intervention constante donne généralement des résultats à court ou moyen terme.
Bonne chance!
Maude Dubé, éducatrice spécialisée
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