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5 raisons pourquoi il est difficile de rester assis

 Bonjour Madame,

 

Je me permets de vous écrire, car les enseignantes de mon fils nous ont demandé de consulter un ergothérapeute. Nous vivons depuis 3 ans en Allemagne. Nicolas a 7 ans et s’est très bien intégré à sa classe. Il parle couramment l’allemand. Par contre, il bouge énormément. Il n’arrive pas à rester assis; il doit bouger en permanence. Il a toujours un objet dans les mains. Il est incapable de laisser ses mains sur ses jambes ou sur le bureau sans bouger.

 

Est-ce que vous pensez que l’ergotherapie pourrait l’aider? C’est un petit qui travaille très bien. Il a de la facilité à apprendre et veut toujours apprendre plus.

 

Merci d’avance.

Meilleures salutations,

Caroline D.


 

Bonjour Caroline,

 

De prime abord, il peut sembler incohérent d’observer un enfant qui, d’un côté, a de la facilité à apprendre et démontre une maturité dans son attitude face à la tâche avoir aussi des comportements moteurs qui sont, à l’opposé, plus typiques d’un enfant beaucoup plus jeune (besoin de bouger, de toucher, d’avoir quelque chose dans les mains).  

 

Saviez-vous que les raisons qui peuvent expliquer les comportements de votre fils sont multiples? Seule une évaluation du profil individuel de ce dernier pourrait permettre de clarifier ce qui se passe dans sa propre situation. Ainsi, si son agitation nuit à sa réussite scolaire, une évaluation en ergothérapie est, à mon avis, tout indiquée.

 

Pour apaiser votre curiosité je vous présente ici 5 raisons possibles pour lesquelles le corps d’un enfant est accro au mouvement ainsi que quelques solutions à essayer.

 

1. L’enfant ne bouge pas assez lors de ses loisirs. Entre 6 et 9 ans, un enfant devrait bénéficier d’un minimum de 60 minutes d’activités motrices globales d’intensité modérée à élevée par jour*. Néanmoins, pour un enfant qui a été carencé en opportunités de bouger pour se développer au cours de sa petite enfance et de son parcours préscolaire, il faut penser que ses besoins sont possiblement encore plus importants que ceux de l’enfant qui a bougé suffisamment et bien consolidé ses bases développementales avant 7 ans. Pour remédier à ce problème, on peut prévoir du temps en matinée pour faire des jeux moteurs, idéalement à l’extérieur, avant l’école, après l’école et en soirée en plus de profiter des weekends pour faire diverses formes d’exercice.

*Agence de santé publique du Canada

 

2. L’enfant a une pauvre conscience de son corps dans l’espace. Le cerveau prend conscience de sa position dans l’espace par une intégration de différentes sensations :

  • Tactiles (corps vs chaise/vêtements);
  • proprioceptives (position des muscles et des articulations les uns en fonction des autres);
  • vestibulaires (système de détection du mouvement et de la position de la tête en fonction de la gravité).

Une hyporéactivité dans ce processus sensoriel peut rendre plus difficile la perception du corps dans l’espace. Ce problème est amplifié lorsque l’enfant est immobile. Donc, bouger augmente l’intensité des messages sensoriels et l’enfant se sent mieux dans son corps en ressentant mieux sa position dans l’espace. L’enfant qui a des fragilités à ce niveau bénéficiera du fait que l’on propose à son corps différentes opportunités éducatives sur le plan sensoriel. L’ergothérapeute est un professionnel bien outillé à ce niveau. Différents équipements peuvent également donner un coup de pouce (ex. toutou lourd, coussin qui permet au corps de rester en mouvement). Consultez l’article suivant pour plus d’informations sur les coussins : Des coussins pour rester assis.

 

3. Le poste de travail de l’enfant n’est pas ergonomique. L’effort musculaire déployé pour compenser le poste de travail mal ajusté est épuisant. L’enfant est aussi possiblement inconfortable; il se réajuste donc fréquemment. Pour des conseils au sujet de l’ergonomie, consultez l’article suivant : Aurez-vous une rentrée ergonomique?

 

4. L’enfant est anxieux. L’anxiété est une réaction naturelle au danger. Le processus enclenché par le corps pour réagir au danger est la réaction de lutte, d’immobilisation ou de fuite (fight, fright or flight). La sécrétion d’hormones de stress a différents effets dont :

  • une augmentation du rythme cardiaque;
  • une accélération de la respiration;
  • une augmentation du tonus musculaire.

Ces hormones préparent le corps à un combat ou à une fuite. Il va sans dire que le maintien d’une position assise stable est très difficile dans cet état. Le corps ressent un besoin très intense de libérer les tensions musculaires par le mouvement. Pour votre intérêt, j’ajouterais également que la pression d’un objet dans la paume de la main de l’enfant a un effet calmant pour le système en état de stress pour des raisons très archaïques. Les enfants qui cherchent à avoir un objet dans les mains sont parfois des enfants qui ont trouvé ce moyen pour diminuer l’effet de l’anxiété. Pour aider l’enfant anxieux à mieux gérer la position assise, les pauses fréquentes (ex. aller à la salle de bain) et l’opportunité de faire de l’exercice en dehors de la classe peuvent être une solution aidante.

 

5. Le corps de votre enfant n’est pas prêt pour le travail assis. Pour clarifier ce point, prenons quelques instants pour explorer les préalables à la station assise. Rester assis demande plus que de la force, de l’endurance et du tonus musculaire1 dans le tronc. Rester assis sur une chaise implique aussi que certains réflexes de mouvements primitifs2 ne soient plus actifs; cela favorisera un contrôle du corps plus volontaire. Par exemple, un de ces réflexes relie les mouvements du cou à ceux du bassin. Imaginez un instant que chaque fois que l’enfant lève ou baisse la tête pour regarder l’enseignante ou sa feuille, son fessier glisse vers l’avant ou vers l’arrière selon le mouvement de son cou. Pas facile de rester assis sagement dans ce contexte! De plus, il est fort probable que l’enfant qui a des immaturités reliées à l’intégration de ses réflexes primitifs ait aussi des difficultés à bouger ses yeux sans bouger sa tête. Or, pour bouger ses yeux, il doit bouger sa tête et bouger sa tête déclenche des mouvements involontaires de son bassin. Pour cet enfant, « la bougeotte » n’est pas un choix, mais une réaction automatique de son corps qu’il ne peut contrôler ou qui lui demande énormément d’énergie pour réussir à la contrôler. L’ergothérapeute ou un autre professionnel ayant des compétences dans ce domaine3 pourrait évaluer cet aspect et recommander des exercices de remédiation.

 

1 Le tonus est la fermeté (la stabilité) automatique des muscles lorsque ceux-ci ne sont pas volontairement utilisés.

2 Mouvements stéréotypés présents durant la première année de vie qui guident le développement sensorimoteur de l’enfant. Ces réflexes deviennent inactifs lorsque l’enfant développe un contrôle volontaire efficace de son corps qui lui permet de dissocier et de coordonner les différents segments de son corps.

3 Thérapie neurodéveloppementale.

 

En somme, déterminer ce qui fait bouger un enfant et trouver la bonne solution n’est pas aussi simple que de regarder dans un livre de recettes. Vous pouvez procéder par essais et erreurs et tenter différentes choses. Si vous ne remarquez pas d’amélioration, considérez une évaluation en ergothérapie.

 

Josiane Caron Santha, ergothérapeute


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Auteur

Josiane Caron SanthaJosiane Caron Santha

Diplômée d'une maîtrise en ergothérapie et ergothérapeute depuis 1998, Josiane Caron Santha est propriétaire d'Ergothérapie Les Mille-Pattes, une clinique pour enfants renommée pour ses services en ergothérapie et en autisme. Josiane compte également diverses expériences à titre d'auteure et de formatrice. Elle a récemment publié 'L'apprentissage du découpage chez l'enfant'.



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